À l’approche de l’hiver, les États membres de l’UE se préparent à l’arrivée de nombreux Ukrainiens. Mais leur accueil chaleureux du début cède sa place à la fatigue des Européens qui subissent la pression croissante de l’inflation et alors que les budgets gouvernementaux sont mis à rude épreuve, rapporte le Financial Times.
L’accueil chaleureux réservé par les Européens à la première vague de réfugiés ukrainiens se refroidit à l’approche d’une nouvelle vague prévue pour l’hiver à venir, constate le Financial Times.
Des pays membres de l’UE commencent à adopter des mesures législatives contre les migrants irréguliers.
« Le nombre de réfugiés d’Ukraine et d’ailleurs sur le continent est frappant. Entre janvier et septembre, il y a eu 4,4 millions de demandes de protection temporaire dans l’UE de la part d’Ukrainiens, bien que des centaines de milliers d’entre eux soient rentrés dans leur pays », signale le journal.
En outre, les pays de l’UE ainsi que la Norvège, la Suisse, l’Islande et le Liechtenstein ont reçu 680.640 demandes d’asile de ressortissants de pays comme la Syrie, l’Afghanistan et certaines régions d’Afrique et d’Asie, soit une augmentation de 54% par rapport à la même période de l’année précédente, selon l’Agence européenne pour l’asile.
La politique de la porte ouverte remise en question
Jusqu’à présent, l’Europe a maintenu sa politique de la porte ouverte envers les réfugiés ukrainiens, dont beaucoup sont rentrés chez eux après que l’attaque russe initiale ait été repoussée. Mais face aux craintes liées à un nouvel exode ukrainien, les tensions montent entre les États membres sur la manière de gérer les migrants irréguliers – des personnes qui ne remplissent pas les conditions légales pour entrer dans un pays – en provenance d’autres parties du monde.
En Italie, la nouvelle présidente du Conseil Giorgia Meloni a multiplié les plaintes concernant le nombre de personnes originaires d’Asie et d’Afrique débarquant sur les côtes italiennes.
Avec ses partenaires de coalition, elle demande plus d’aide à l’Europe, y compris une « défense » forte et unie des frontières extérieures de l’UE.
« Nous assistons à une situation d’urgence dans les systèmes d’accueil des réfugiés dans de nombreuses régions de l’UE. La perspective de nouvelles arrivées d’Ukraine, ainsi que d’autres parties du monde, pourrait mettre encore plus de pression sur les autorités », a indiqué Alberto-Horst Neidhardt, spécialiste de la migration au groupe de réflexion European Policy Center.
Les Polonais ont peur
Les Polonais ont « peur de la situation économique et de l’inflation et sont de plus en plus irrités par ce qu’ils perçoivent comme un traitement favorable des réfugiés ukrainiens », confie au FT le chef du bureau de Varsovie du Conseil européen des relations étrangères.
Les autorités polonaises ont mis fin à de nombreuses subventions directes offertes aux Ukrainiens, notamment l’accès gratuit aux transports publics et un paiement unique de 300 zlotys (67 dollars) réclamé par plus d’un million d’Ukrainiens enregistrés. À partir de mars, les réfugiés séjournant en Pologne plus de 120 jours devront payer 50% du coût de tout logement fourni par le gouvernement.
L’Allemagne demande une répartition entre les pays
Berlin a appelé à son tour à un effort de solidarité de toute l’Union européenne.
« Pour nous, il est clair que s’il devait y avoir de nouvelles migrations en provenance d’Ukraine, nous aurions besoin d’une meilleure répartition dans toute l’Europe », a déclaré jeudi Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur.
Après que Moscou a lancé son opération militaire spéciale le 24 février, des millions d’Ukrainiens ont fui le pays, cherchant refuge dans l’UE et en Moldavie mais aussi en Russie.
Le 22 novembre, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a évalué à 4,8 millions le nombre de réfugiés en provenance d’Ukraine enregistrés pour une protection temporaire ou des mécanismes similaires dans l’UE.