L’Afrique veut se libérer du joug occidental et le conflit en Ukraine lui offre l’opportunité de se positionner en la matière, a confié un politologue algérien à Sputnik. L’Algérie, en particulier, n’entend pas sacrifier sa relation avec Moscou.
Les positions de certains pays africains sur le conflit en Ukraine reflètent plus largement leur désir d’indépendance vis-à-vis de l’Occident, a déclaré à Sputnik Farid Benyahia, expert algérien en économie et en géopolitique.
La résolution appelant la Russie à verser des réparations de guerre à l’Ukraine a notamment été boudée par plusieurs états africains à l’Onu. C’est le symbole d’une « volonté politique d’indépendance vis-à-vis de l’Occident » à qui l’Afrique livre un « combat de libération totale », selon le politologue.
« Les Africains prennent position avec Poutine car ils ont compris qu’il combat un monde devenu très vorace à l’égard des Africains, à l’égard des pays qui veulent se développer. Bien sûr, ils n’ont pas la puissance de la Russie, mais c’est une manière de dire « Non », « Basta » par rapport à ce qui se passe actuellement en Europe et dans le monde », affirme ainsi Farid Benyahia.
L’Afrique peut aussi s’étonner que réparations exigées par Kiev trouvent tant de soutiens, alors que les demandes africaines après la colonisation restent lettre morte, souligne le chercheur en relations internationales, qui déplore une justice biaisée.
« L’Occident n’a pas de justice. C’est une justice à sens unique pour eux. Tout ce qui est de l’Occident, ils le défendent, tout ce qui est contre eux, ils ne le défendent pas. L’Occident ne croit pas au droit international. C’est aussi ce que Poutine et la Russie essaient de dire actuellement: il faut respecter le droit international », souligne-t-il.
L’Algérie avec Moscou et Pékin
Parmi les États africains, l’Algérie tient particulièrement à préserver ses partenariats avec la Russie, malgré les remontrances du camp occidental, explique encore Farid Benyahia. Le pays des fennecs s’est notamment vu reprocher ses achats d’armes à Moscou, qui suscitent la colère de Washington.
« L’Algérie est un pays qui n’accepte pas qu’on lui dicte sa politique étrangère […]. Notre alliance stratégique est avec Moscou et Pékin, voilà la politique étrangère algérienne. Et c’est la position voulue par le peuple, parce que le peuple n’a pas omis les atrocités qui ont été commises par le colonialisme », explique le politologue.
Les séquelles du colonialisme pèsent encore sur le pays, d’où une suspicion vis-à-vis de l’Otan, soutien logistique de l’armée française durant la guerre d’Algérie, ajoute-t-il.
Mi-novembre, Moscou et Alger ont par ailleurs lancé des manœuvres militaires conjointes, au travers du programme Bouclier du désert.