Alors que les relations entre la Russie et l’Otan semblent avoir touché le fond et que la ministre allemande de la Défense souligne la nécessité de faire de la « dissuasion » à l’égard de la Russie, son homologue russe l’a mise en garde contre une telle prise de position en rappelant les leçons de l’Histoire.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a répondu aux propos tenus par son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer, sur la nécessité d’une politique de dissuasion envers la Russie à l’aide d’armes nucléaires, rappelant à Berlin les aléas de l’Histoire.
« Dans le contexte d’appels à la dissuasion militaire de la Russie, l’Otan rassemble conséquemment ses forces à nos frontières. Or, un ministre allemand de la Défense se doit de savoir par quoi des opérations semblables se sont terminées pour l’Allemagne et l’Europe », a indiqué Sergueï Choïgou.
« La sécurité en Europe ne peut être que commune, sans préjudice aux intérêts de la Russie », a-t-il souligné. »
Mais c’est justement l’Otan qui n’est pas prête à un dialogue équitable sur le dossier. Qui plus est, la mise en œuvre de son projet de +dissuasion+ de l’Afghanistan s’est terminée par une catastrophe dont le monde entier doit maintenant s’occuper », a constaté Sergueï Choïgou.
« Inutile de dialoguer »
Le Kremlin a lui aussi tout de suite réagi aux déclarations de la ministre allemande, indiquant par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, qu’il était « inutile de dialoguer dans de telles conditions ».
Le 18 octobre, le ministre russe des Affaires étrangères a annoncé que la représentation de la Russie auprès de l’Otan suspendait son activité après la décision de l’Alliance de réduire drastiquement le personnel.
Répondant à la question de savoir si l’Otan réfléchissait à des scénarios de dissuasion de la Russie dans les régions de la Baltique et de la mer Noire, y compris dans l’espace aérien à l’aide d’armes nucléaires, Annegret Kramp-Karrenbauer a soutenu le 21 octobre que les pays occidentaux étaient prêts à avoir recours à « de tels moyens pour qu’ils aient un effet dissuasif à l’avance et que personne n’ait l’idée d’attaquer les partenaires de l’Otan ».
« Renforcer la dissuasion et la défense »
Le même jour, les ministres de la Défense de l’Otan ont approuvé un plan directeur pour « renforcer la dissuasion et la défense de l’Alliance », bien qu’ils aient dit ne pas penser qu’une attaque russe soit imminente. Cette nouvelle stratégie vise à se préparer à une offensive dans les régions de la mer Noire et de la Baltique, incluant éventuellement des armes nucléaires.
Évoquant « la menace croissante des systèmes de missiles russes », le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a affirmé que l’Alliance n’avait « aucune intention de déployer de nouveaux missiles nucléaires terrestres en Europe », tout en convenant, en répondant par la suite à la question d’un journaliste, qu’elle avait « accru [sa] présence en mer Noire » qui est « d’une importance stratégique pour l’Otan », ainsi que sa « présence dans la région dans les airs, sur terre et en mer ».
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