Montrer du doigt les énergies renouvelables et les blâmer seules pour la crise du gaz qui touche actuellement l’Europe relève de « spéculations », estime le directeur de l’Association russe pour le développement des énergies renouvelables dans une interview avec Sputnik.
Selon lui, la course aux énergies renouvelables n’était qu’un « déclencheur ».Les énergies renouvelables (EnR), un épuisement des stocks ou d’autres raisons… les experts cherchent à établir ce qui provoqué la flambée des prix du gaz en Europe.
Pour Alexeï Jikharev, directeur de l’Association russe pour le développement des énergies renouvelables, interrogé par Sputnik, les énergies renouvelables ne sont pas derrière l’actuelle crise, mais elles ont joué un rôle de déclencheur. Il a qualifié les tentatives de culpabiliser les énergies renouvelables dans ce contexte de « spéculations ».
« C’était la même chose lorsque nous avons entendu parler de la crise au Texas. À l’époque, les énergies renouvelables représentaient environ 6%, mais tout le monde a rejeté la responsabilité sur elles […]: comme 6% d’énergie étaient fournis par les éoliennes, donc la faute était à elles », ironise-t-il en faisant référence à la crise aux États-Unis en février 2021.
Il importe de prévoir les éventuels échecs lors de la préparation du plan énergétique, souligne l’interlocuteur de Sputnik. Et si les énergies renouvelables ont accentué ce phénomène, le vrai problème se trouvait bien plus profondément dans le système. « C’est une sorte de déclencheur et puis le problème s’est développé. Mais il est évident qu’il faut calculer et simuler de tels scénarios lors de la planification d’un système électrique. Et bien sûr, il faut prévoir la réserve nécessaire pour couvrir la charge », raisonne Alexeï Jikharev. Et si les accusations portées contre les énergies renouvelables provoquaient un recul de leur développement? Ce n’est pas le cas, selon l’expert.
« Je ne pense pas que ce qui s’est passé en Europe ou au Texas puisse inciter tout le monde à se réunir autour d’une table et à dire +non, nous avons probablement pris une mauvaise décision il y a 20 ans, revenons au charbon ou investissons uniquement dans le gaz+ », ironise-t-il
Une autre question qui se pose est comment éviter une possible nouvelle crise énergique. « Il faut adopter une approche équilibrée. Il est sûr que le gaz, un combustible propre, doit rester dans le mix énergétique », d’après l’interlocuteur de Sputnik.
Les secteurs européen et russe des EnR comparés
Pour le moment, le domaine des énergies renouvelables russes manque en compétence et en production par rapport à celui de l’Europe, estime M.Jikharev. Il rappelle notamment qu’en Allemagne, plus de 50% d’énergie vient des sources renouvelables, contre seulement 0,5% en Russie. Toutefois, la Russie montre d’énormes taux de croissance. « Le secteur a été multiplié par 13 en cinq ans en Russie », précise l’expert.
De plus, ce rythme dé croissance pourrait se maintenir en Russie jusqu’à 2035 et le secteur pourrait tripler.