Pendant quatre jours, des centaines de responsables politiques et de dirigeants d’entreprise et d’organisations internationales on participé fin juin 2018 à la 29ème session annuelle du Forum de Crans Montana à Bruxelles.
« Quand une ONG suisse prestigieuse et bien établie vous invite à un débat notamment sur les effets pervers de la mondialisation, vous avez hâte d’y assister, » fait remarquer notre reporter sur place Olaf Bruns, « en particulier à une époque où le changement climatique, l’accroissement des inégalités et la pauvreté poussent bon nombre d’entre nous à nous inquiéter de la mondialisation. »
Et les organisateurs eux-mêmes n’étaient pas en reste pour débattre sans tabous du contexte international actuel : « La mondialisation est perverse en elle-même, » assure Jean-Paul Carteron, président honoraire et fondateur du Forum de Crans Montana. « Il n’y a plus de frontières, tout est libre, tout est ouvert, le marché s’auto-contrôle, mais ce n’est pas vrai ! » lance-t-il avant d’ajouter : « On s’aperçoit aujourd’hui que dans la plupart des pays qui souffrent, on voit que la barre est à droite, les mouvements de droite, les nationalismes reviennent. »
Pour beaucoup, la mondialisation est facteur d’inégalités et d’injustice : les nations les plus pauvres n’en récoltent que trop peu les fruits. C’est ce qu’estime en particulier, l’ancien président du Mali Dioncounda Traoré : « Il est quand même évident que les richesses du monde sont mal distribuées : il y a une minorité qui en possède l’essentiel et une majorité qui est dans la misère, » déplore-t-il.
La mondialisation bouleverse aussi les flux d’information. Ainsi, les réseaux sociaux ont un impact majeur par exemple, sur les campagnes électorales en Afrique où encore plus qu’ailleurs, les jeunes générations s’informent en ligne.
« Facebook, Twitter, YouTube et toutes ces plateformes qui sont utilisées à l’ère du numérique, il est grand temps pour elles de tenir compte de leur rôle et de leur responsabilité sociale à l’échelle de la planète, » assure Ogutu Okudo, conseillère auprès du gouverneur du comté de Siaya au Kenya.
Dans un monde où la loi du plus fort est de retour à l’image de l’America First de Donald Trump, de nombreux participants espèrent que l’Union européenne continuera de défendre le multilatéralisme.
« Effectivement, le multilatéralisme est mis en cause et je crois que oui, l’Europe est le dernier bastion qui protège cette vision, » insiste Liliana Pavlova, ministre du Développement régional de Bulgarie.
Défense du multilatéralisme, mais aussi renforcement de la coopération internationale. C’est l’objectif du Forum de Crans Montana lui-même depuis 1986.