Poutine explique comment les États-Unis ont contribué à la crise gazière actuelle en Europe

Alors que les États-Unis et l’Agence internationale de l’énergie accusent la Russie d’avoir fait flamber les prix du gaz en Europe, Vladimir Poutine leur renvoie la balle. Selon lui, la Russie remplit toutes les demandes contrairement aux États-Unis qui ont réorienté leurs exportations vers l’Asie face à l’évolution des prix.

Intervenant le 13 octobre lors de la Semaine de l’énergie russe, Vladimir Poutine a conseillé à son auditoire de prendre note de la réduction des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par les États-Unis face aux accusations sur l’implication de la Russie dans la hausse des prix du gaz en Europe.

« Des approvisionnements, par exemple en GNL américain, se sont déplacés de l’Europe vers l’Asie face à l’évolution des prix. Sur le volume total en baisse des approvisionnements en GNL sur le marché européen, qui est de plus de 14 milliards de mètres cubes de gaz, environ la moitié est sous-approvisionnée par les opérateurs américains », a déclaré le Président russe.

M.Poutine a rappelé que dans le contexte de la réduction des approvisionnements en gaz en provenance des États-Unis et d’autres pays, la Russie augmente les siens vers l’Europe, satisfaisant toutes les demandes de ses partenaires. « Alors, qui utilise ces outils énergétiques à ses propres fins? C’est de notre faute à nous ou de celle de quelqu’un d’autre? », a poursuivi le chef de l’État russe.

« Ce sont des informations ouvertes, il suffit de regarder sur Internet, tout est là. Et vous évoquez les accusations envers la Russie d’utilisation des ressources énergétiques comme une arme. C’est une absurdité totale. »

La flambée des prix en Europe

Les prix du gaz en Europe battent des records ces quelques derniers mois. Le 6 octobre, le gaz naturel a atteint son maximum historique à 1.937 dollars pour 1.000 mètres cubes avant de reculer les jours suivants en se négociant ce 14 octobre autour de 1.200 dollars.

De nombreux facteurs sont en cause: des réserves faibles et pas suffisamment remplies depuis un hiver prolongé en 2020-2021, un apport réduit des énergies renouvelables, comme l’éolien, pour des raisons météorologiques, une offre réduite et l’accélération de la demande en raison de la reprise économique après la levée de la plupart des nombreuses restrictions liées à la pandémie de Covid-19.

Mais plusieurs responsables occidentaux reprochent à la Russie d’être impliquée dans cette hausse record des prix du combustible. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a appelé Moscou à augmenter ses livraisons de gaz vers l’UE afin de relâcher la tension sur les prix.

« L’AIE pense que la Russie pourrait faire plus pour augmenter la disponibilité du gaz en Europe et assurer que les stocks soient remplis à des niveaux adéquats en préparation de la saison du chauffage hivernal », a déclaré l’Agence.

La ministre américaine de l’Énergie, Jennifer Granholm, a évoqué « une manipulation » des prix du gaz, accusant sans la nommer la Russie de réduire volontairement ses exportations vers l’Europe et promettant d’ »examiner très sérieusement » cette question.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, les prix de l’électricité en Europe ont atteint un niveau inédit depuis dix ans, souvent au-delà de 100 euros le mégawatt/heure (MWh).

En Allemagne et en Espagne, ils ont triplé voire quadruplé par rapport aux indices de 2019 et de 2020.La France n’est pas épargnée. Emmanuel Macron a annoncé ce 14 octobre « une action de court terme » du gouvernement. Certaines mesures comme le chèque énergie ou le blocage du tarif réglementé du gaz sont déjà mises en place.

« Le gouvernement y travaille et aura dans les prochains jours à compléter sa réponse en fonction de l’évolution pour ne laisser personne dans le désarroi », a-t-il précisé lors d’un déplacement à Saint-Denis.

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