Qui est responsable de la crise gazière en Europe?

L’UE elle-même est à blâmer pour la crise gazière qui bat son plein en Europe, écrit le quotidien britannique The Financial Times. Elle a fait preuve de « myopie » et a « ignoré le rôle que le gaz naturel devrait jouer en tant que carburant de transition pour la décarbonisation ».

Alors que 84% des Français se disent préoccupés par leurs dépenses d’énergie face à la flambée des cours du gaz en Europe, la hausse des prix reflète le manque de réserves européennes et la forte demande asiatique, note le Financial Times (FT).

Cela donne à la Russie un levier politique, selon le média. Moscou a de son côté toujours souligné le caractère purement économique de ses livraisons de gaz, rejetant les allégations selon lesquelles celui-ci était utilisé comme un moyen de pression.

De la même manière, un analyste du Fonds russe de la sécurité énergétique nationale a expliqué à Sputnik que la flambée des prix ne profite pas du tout à la Russie, car « quand le prix devient très élevé, il commence à tuer la demande« . Le Président russe a en outre rappelé ce mercredi que son pays avait toujours pleinement rempli ses obligations de contrat auprès de ses partenaires en Europe « même durant les périodes les plus difficiles de la guerre froide ».

Qui est à blâmer?

Or, l’UE ne peut que se blâmer elle-même pour cette crise, affirme le quotidien britannique. L’UE « a accru sa dépendance gazière vis-à-vis de la Russie au cours de la dernière décennie ». Les États-Unis qui depuis plusieurs années ont cherché à empêcher la construction du gazoduc Nord Stream 2, espérant livrer davantage de GNL en Europe, se sont avérés incapables de combler ce déficit avec leurs exportations.

Selon le journal, l’Union européenne dépend à 41% des importations de gaz naturel de Russie. Le Royaume-Uni n’en est pas aussi dépendant, mais est, comme tous les autres pays, sensible aux fluctuations des prix. Tant Bruxelles que Londres « ont ignoré le rôle que le gaz naturel devrait jouer en tant que carburant de transition pour la décarbonisation ». Par conséquent, au cours de la dernière décennie, les réserves de gaz au Royaume-Uni ont diminué des deux tiers et ne suffisent désormais que pour quatre à cinq jours de demande hivernale de pointe, déplore le FT.

Un risque de pénurie?

Normalement, le pays achète du GNL américain pour amortir les chocs de prix. L’année dernière, le gaz américain représentait 12% des importations britanniques, explique le média. Cette année, les terminaux méthaniers américains fonctionnent déjà à 95% de leur capacité, en raison de la forte demande asiatique.

Le géant gazier russe Gazprom, de son côté, a également presque atteint ses capacités maximales, produisant 1,4 milliard de mètres cubes par jour. La Russie a d’ailleurs besoin de remplir en premier lieu les réserves nationales avant de servir les clients étrangers, remarque le FT. Vladimir Poutine a pour sa part déclaré ce mercredi que la Russie était prête à discuter de volumes de livraison supplémentaires et pouvait même établir un record d’octroi de gaz cette année.

Une « myopie »

La flambée des prix du gaz constatée ces dernières semaines est « une punition appropriée pour les politiciens européens et britanniques à cause de leur myopie », martèle le Financial Times. Ils peuvent y remédier en élaborant des plans de transition énergétique mettant en vedette le gaz naturel comme combustible de transition et de réserve, selon le média.

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