Le gouvernement aura tenté de tout faire : bouclier tarifaire, aides diverses et variées… rien n’y a fait. Le pouvoir d’achat des Français a bel et bien baissé depuis le début de l’année 2021. L’Insee le confirme le 19 décembre 2022 dans une étude qui risque de ne pas plaire au gouvernement.
L’énergie met à mal le pouvoir d’achat des Français
Pour son étude, l’Insee s’est concentré sur l’énergie… qui n’est en réalité qu’une composante des dépenses du ménage. Mais c’est celle qui a le plus marqué les esprits, en particulier à cause de l’explosion des prix. Or, les résultats sont éloquents.
Entre janvier 2021 et juin 2022, période analysée par l’institut, le gaz, l’électricité et le fioul domestique ont fait chuter de 460 euros en moyenne le revenu disponible des ménages. Plus précisément, ces coûts étaient 460 euros supérieurs en juin 2022 par rapport à ce qu’ils auraient été si les prix de 2020 étaient toujours d’actualité.
Et ce n’est pas terminé : le carburant coûtait par ménage 380 euros de plus en juin 2022 par rapport à 2020, avec les diésélistes qui y ont perdu le plus (260 euros contre 120 euros pour les automobilistes roulant à l’essence.
Les aides de l’État loin de compenser la facture
L’Insee n’oublie pas que le gouvernement a mis en place des aides… mais elles n’auront pas suffit à compenser les plus de 800 euros de perte de pouvoir d’achat. Loin de là.
L’indemnité inflation, souligne l’Insee, n’aura permis d’apporter aux ménages que 100 euros de revenu disponible. Tandis que le chèque énergie une dizaine d’euros. Soit 120 euros de gain, pour plus de 800 euros de perte.
L’institut confirme donc la forte chute du pouvoir d’achat des Français. Le revenu disponible était, entre janvier 2021 et juin 2022, 720 euros inférieur. Pour le niveau de vie, la baisse en euros s’établit à 480 euros, soit une chute de 1,3%.
« Entre janvier 2021 et juin 2022, le revenu disponible élargi au chèque énergie et corrigé des dépenses de produits énergétiques est inférieur de 720 euros par ménage à ce qu’il aurait été en l’absence de hausse des prix par rapport à 2020 et de mesures de soutien aux ménages (indemnité inflation et bonus du chèque énergie). Cette baisse de niveau de vie se décompose en une perte de 460 euros par ménage de dépenses relatives au chauffage et au fonctionnement de la maison, de 380 euros liée aux dépenses de carburants, partiellement compensée par un gain de 120 euros d’aides », précise l’Insee.
Plus de perte de pouvoir d’achat pour les ruraux que pour les urbains
Alors que les aides n’ont pas été ciblées par l’exécutif, chose qu’il tente de faire en 2023, la perte de pouvoir d’achat des ménages n’a pas été identique pour tous. Sans réelle surprise, les prix des carburants ont fortement touché le budget des ménages ruraux, qui utilisent plus souvent la voiture. Selon l’Insee, « dans les communes hors unité urbaine, les dépenses moyennes des ménages en énergie sont en moyenne 30% plus élevées que dans l’ensemble de la population ». Alors, forcément, quand les prix de l’énergie augmentent, ce sont eux qui trinquent le plus.
Avec 530 euros de baisse de pouvoir d’achat liée aux carburants et 510 euros de baisse liée aux factures de chauffage et électricité, les habitants des zones rurales sont les grands perdants. Plus de 1.040 euros de perte de pouvoir d’achat sur la période. Pour seulement 120 euros d’aides.
Inversement les habitants de l’agglomération parisienne sont les grands gagnants. Seulement 670 euros de perte de pouvoir d’achat, pour 80 euros d’aides. Mais s’ils s’en sortent mieux, ils sont également touchés par la baisse.
Et chez les ménages pauvres que les plus riches
Outre les ruraux qui s’en sortent moins bien que les urbains, les ménages pauvres ont souffert plus que les ménages riches. Si en valeur, leur perte de pouvoir d’achat est inférieure, en pourcentage du revenu elle est la plus élevée. L’Insee rappelle que l’énergie représente 14% du revenu disponible des 10% des ménages les plus pauvres, contre seulement 5% du revenu pour les ménages les plus aisés. « La hausse des prix de l’énergie entraîne donc une plus forte baisse du revenu disponible des plus modestes entre janvier 2021 et juin 2022 », analyse l’institut.
Le revenu disponible a baissé de 2,3% pour les ménages des trois premiers déciles (30% les plus pauvres). Or, chez les 30% les plus riches, la baisse ne représente que 1,2% de perte. Et ce malgré le chèque énergie, que ne touchent que les 20% des ménages les plus modestes en France.
« La diminution du pouvoir d’achat est d’autant plus forte lorsque plusieurs effets défavorables se conjuguent », souligne en outre l’institut. Ainsi, « dans les communes hors unité urbaine, les 30% les plus pauvres perdent en moyenne 2,7% de leur revenu disponible malgré les aides perçues, alors que dans l’agglomération de Paris, le revenu disponible des 10% les plus aisés ne diminue au total que de 0,7% en moyenne », conclut l’Insee.