« Peut-être sommes-nous allés trop loin » dans la promotion du cosmopolitisme : un an plus tard, Obama tire les leçons de l’élection de Trump

 

Dans un livre publié par l’un de ses plus proches conseillers, un Barack Obama sonné tente de tirer les leçons de l’élection de Donald Trump. Et si pendant ses huit ans au pouvoir, son parti et lui-même étaient allés trop loin dans leur promotion du cosmopolitisme ?

« Si nous nous étions trompés ? » Cette terrible question vient de Barack Obama lui-même. Peu après l’élection de Donald Trump, le futur-ancien président des Etats-Unis essayait alors de comprendre, éberlué, les raisons qui avaient pu conduire à la victoire du milliardaire. Dans un livre à paraître – The World as it is ou, en VF, Le monde tel qu’il est – écrit par l’un de ses plus proches conseillers, Benjamin J. Rhodes, et dont quelques extraits sont repris ce mercredi 30 mai dans le New York Times, Obama commente auprès de ses conseillers la déroute du parti démocrate, cherchant, à coup de réflexions qui sonnent comme des maximes, l’origine de cet échec. Et dans l’un de ses – rares – moments de remise en question, le chantre du cool et du soft power à l’Américaine cible… le cosmopolitisme.

A l’origine de cette réflexion, la lecture d’un article d’opinion comme il y en a des dizaines publiés chaque jour aux Etats-Unis. Dans cette tribune, l’auteur explique l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche par le comportement politique des libéraux, c’est-à-dire la gauche progressiste du pays dont fait partie Obama.

Lorsqu’ils étaient au pouvoir, ces derniers auraient trop fait la promotion du cosmopolitisme et de la mondialisation, laissant une grande partie de la population américaine sur le bas-côté. Cette dernière, se sentant délaissée par des élites mondialisées, se serait repliée sur ses racines et son identité. Une conclusion que semble partager Obama, selon le récit de Benjamin J. Rhodes : « Peut-être sommes-nous allés trop loin« , reconnaît l’ancien président auprès de ses conseillers, avant d’ajouter, avec une certaine condescendance : « Peut-être que les gens veulent juste rester enfermés dans leur tribu« .

Des paroles amères, immédiatement suivies du réconfort de ses proches : non, ni Barack Obama, ni sa politique ne sont à l’origine de la victoire de Donald Trump. Qu’importe si, dans la dernière ligne droite, le président en exercice s’est profondément impliqué dans la campagne de sa dauphine, Hillary Clinton.

Ses conseillers sont formels : s’il n’avait pas été empêché par la Constitution des Etats-Unis, qui limite à deux mandats l’exercice de la fonction présidentielle, Obama aurait pu se représenter, et être réélu haut la main face au milliardaire. « Parfois, je me demande si je n’ai pas été élu avec 10 ou 20 ans d’avance« , poursuit tout de même l’ancien locataire de la Maison-Blanche, peu convaincu par l’assurance de ses conseillers. Impossible, dans cette phrase, de savoir si Barack Obama fait ici précisément référence à sa politique ou à sa couleur de peau, l’Amérique ayant élu, en 2008, le premier président afro-américain de son histoire.

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