La Bataille d’Ukraine de l’OTAN et l’occupation de l’Europe

Quand Stoltenberg réfute toute possibilité de normalisation à venir des relations avec la Russie, même après la fin du conflit en Ukraine, il ouvre les cartes de la véritable dimension de cette guerre et des intentions de l’Axe atlantiste : détruire la Russie pour permettre l’avènement de la globalisation, dans sa version impériale totalitaire. Et l’occupation des pays européens, militaire et politique, se met en place et se justifie grâce à ce conflit en Ukraine, tant nécessaire aux forces globalistes. Et l’UE joue son rôle d’organe global de gouvernance locale, en achevant la dilution des Etats européens dans un marais apolitique et soumis. Les élites nationales ont trahi, il faut en tirer les conséquences.

Dans une interview donnée au journal Handelsblatt sortie dimanche, Stoltenberg, le Secrétaire général de l’OTAN, annonce tranquillement le combat à mort pour le monde global, porté par le bras armé de l’OTAN, contre la Russie, dernier bastion politique pouvant déranger l’agencement impérial prévu :

«Rien ne sera plus comme avant. Même si les armes se taisent en Ukraine, il ne faut pas attendre que nos relations se normalisent avec la Russie.«

Ainsi, d’une part, Stoltenberg reconnaît que l’Ukraine n’est qu’une bataille et non pas la guerre en soi-même, elle n’épuisera donc pas le conflit existant entre les Etats-Unis, appuyés par l’OTAN, et la Russie. D’autre part, Stoltenberg justifie un renforcement de l’occupation des pays européens par les forces atlantistes et américaines «pour leur bien» : puisque la menace est présentée comme existentielle, il est «normal» que les protecteurs envoient toujours plus d’armes et d’hommes sur le sol européen, c’est d’ailleurs le rôle des pouvoirs impériaux que de défendre les Marches de l’Empire. Ce qui en l’occurrence contribue à renforcer la menace pour la Russie à ses frontières et la conduit à prendre elle aussi des mesures de protection en réponse. La boucle est bouclée et le scénario de l’OTAN fonctionne, grâce à la soumission des élites dirigeantes des pays européens.

Dès le mois de juin 2022, les médias français reprenaient le discours américain, pour justifier un renforcement de la présence militaire américaine en Europe «face à la menace russe». Déjà plus de 100 000 militaires américains présents sur notre sol (avant cette fameuse «menace») et 20 000 en partance pour renforcer les contingents. S’y ajoutent deux frégates équippées de missiles SM-6 envoyées en Espagne, un QG permanent du Ve Corps d’armée américain monté de manière permanente en Pologne pour diriger les troupes américaines présentes en Europe, une brigade de parachutistes de 5 000 hommes en Roumanie, renforcement de tous les types d’armée dans les pays Baltes, etc. Sans compter tout ce qui est envoyé en Ukraine depuis mars.

Et en janvier l’on apprend une nouvelle vague d’arrivage tout frais — et permanent — sur notre sol dans le cadre du programme Atlantic Resolve :

«More than 2,500 equipment items from the U.S. Army’s 2nd Armored Brigade Combat Team, 1st Calvary Division stationed at Fort Hood, Texas, will off-load at port facilities located in Vlissingen, The Netherlands; Aarhus, Denmark, and Riga, Latvia throughout the January 13-18, 2023 timeframe. (…) The 2/1 CD is arriving in Europe for a regularly scheduled rotational deployment in support of Atlantic Resolve.»

En plus de la trahison des élites gouvernantes, le renforcement de cette occupation est également rendu possible grâce au travail de sape incessant des structures européennes, qui après avoir vidé les pays membres de leur étaticité, offrent ces territoires et peuples en sacrifice à l’OTAN. Ainsi, l’on ne compte plus les accords de dilution UE-OTAN et les résultats sont évidents :

«L’OTAN va déployer des avions de surveillance AWACS (système aéroporté de détection et de contrôle) à Bucarest, en Roumanie. Les aéronefs, qui devraient arriver à destination le 17 janvier 2023, viendront appuyer la présence renforcée de l’Alliance dans la région et auront pour mission de surveiller l’activité militaire russe.»

Le concept de «défense» a disparu du territoire européen, puisque celui-ci est instrumentalisé en fonction des besoins de l’Axe atlantiste. Manifestement, le plus grand danger pour les pays européens, ce n’est pas la Russie, mais les Etats-Unis et l’OTAN. Rappelons que ce sont les Etats-Unis et l’OTAN qui ont bombardé la Yougoslavie, que ce sont les Etats-Unis qui ont démembré ce pays, que ce sont les Etats-Unis qui ont organisé des révolutions de couleur en Géorgie, en Arménie, dans les pays d’Asie centrale, que ce sont les Etats-Unis qui ont déstabilisé politiquement l’Ukraine avec la Révolution Orange en 2004, puis qui ont noyé le pays dans la violence et achevé les institutions étatiques en 2014 avec le Maïdan, provoquant tout d’abord une guerre civile avec l’Est du pays, tout cela pour conduire l’Ukraine à entrer en guerre contre la Russie.

Les pays européens devraient en tirer les conséquences au lieu de se comporter comme les parties éloignées de l’Empire. Pour reprendre les sources américaines, ils ont déjà été parfaitement envahis une fois en juin 1944, selon les termes de la Bibliothèque Eisenhower, rien n’empêche donc de continuer.

Je cite :

«The D-Day operation of June 6, 1944, brought together the land, air, and sea forces of the allied armies in what became known as the largest invasion force in human history. (…) General Eisenhower’s determination that operation OVERLORD (the invasion of France) would bring a quick end to the war is obvious in this message to the troops of the Allied Expeditionary Forces on June 6, 1944, the morning of the invasion.»

Ainsi, pendant que la France célèbre pudiquement le Débarquement en Normandie, les Etats-Unis célèbrent simplement et sans ambages l’invasion de la France. Aujourd’hui, rien n’a changé.

Karine Bechet-Golovko

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