Les ONG qui sauvent des migrants en mer sont-elles de mèche avec les passeurs ?

DÉCRYPTAGE – Bien qu’elle s’en défende, l’association SOS Méditerranée qui affrète l’Ocean Viking est régulièrement accusée de collusion avec les passeurs. D’autres associations de sauvetage de migrants ont déjà été prises sur le fait.

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Des liens mis au jour par la police italienne

Ainsi la police italienne a établi, au terme d’un long rapport d’investigation, que trois ONG dont l’action est comparable à celle de SOS Méditerranée ont à plusieurs reprises contacté des passeurs de migrants pour organiser la récupération de leurs passagers avant de les convoyer vers l’Europe. Ainsi de l’ONG «Save the children», mise en cause par des vidéos retrouvées par la police lors d’une perquisition : le 26 juin 2017, au large de la Libye, le navire affrété par l’ONG avait été approché par un complice des passeurs avant que n’arrivent finalement les deux embarcations de migrants. Sur les images, un des passeurs violentait même ses passagers au moment de les faire monter à bord du navire humanitaire.

La même enquête met en cause également, pour des pratiques similaires, l’ONG allemande Jugend Rettet. Son bateau a depuis été saisi par la justice italienne et dix de ses membres d’équipage, sous le coup d’une procédure judiciaire, encourent jusqu’à vingt ans de réclusion. Ainsi que Médecins sans frontières, qui aurait étroitement collaboré avec les passeurs au cours d’opérations conduites par l’équipage du VOS Prudence. Ces ONG ont toutes refusé de signer un code de déontologie proposé par Rome pour bannir, justement, ces pratiques.

(…) La police italienne aurait même débusqué l’existence d’un groupe WhatsApp, sur lequel environ soixante-dix membres d’ONG s’échangeaient les coordonnés GPS précises de points de traversée qu’allaient emprunter les passeurs.

Même sans contacter les passeurs, les ONG favorisent leur business

Une autre enquête, conduite cette fois par l’agence européenne Frontex, est parvenue aux mêmes conclusions, et va plus loin en évoquant une responsabilité indirecte imputable à toutes les ONG, y compris celles qui ne communiquent pas directement avec les passeurs. «Toutes les parties impliquées dans des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale aident involontairement les criminels [NDLR : les passeurs] à atteindre leurs objectifs à un coût minimal et renforcent leur modèle économique en augmentant leurs chances de réussite» résume ainsi l’agence.

(…) Le New York Times avait d’ailleurs montré en 2017, par une infographie implacable, combien le déplacement géographique des sauvetages augmentait considérablement le nombre de tentatives de traversées : entre 2014 et 2017, les secours par les ONG se sont lentement déplacés du nord vers le sud, à tel point que les associations recueillent les migrants presque directement après qu’ils ont pris la mer, réduisant d’autant la durée du voyage pour les passeurs qui peuvent ainsi augmenter la cadence.

Lire l’intégralité de l’article dans Le Figaro

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