Hier, Poutine s’est entretenu au Kremlin avec les présidents des fractions parlementaires et la direction du Parlement. La session parlementaire a été mouvementée, la décision de réagir militairement pour protéger le Donbass a obligé la Russie à prendre au pied levé toute une série de mesures socio-économiques en réaction aux sanctions adoptées contre elle par le monde atlantiste.
Si les médias atlantistes se sont principalement arrêtés sur la déclaration de Poutine affirmant que la Russie n’a pas encore commencé les choses sérieuses en Ukraine, l’intérêt de ce discours est surtout la formulation de la raison et des buts de cette intervention : la fin du monde global – de ce « libéralisme totalitaire« , le retour à la souveraineté des peuples, la restitution du pouvoir aux Etats et la liberté de défendre sa culture et ses valeurs.
L’on n’arrête pas le cours de l’histoire, comme le déclare le Président Poutine, le mouvement lancé par la Russie ne pourra pas être arrêté, l’on ne pourra pas revenir en arrière. Bref, il serait bon que les pays européens se réveillent, s’ils ne veulent culturellement et politiquement disparaître, comme ils ont déjà géopolitiquement disparu.
Les médias se sont arrêtés principalement sur une phrase, qui fait suite aux déclarations aussi tonitruantes qu’absurdes des pions du monde global exigeant une victoire totale sur le champ de bataille contre la Russie :
Et de continuer sur la déclaration complète :
« Chacun doit savoir que nous n’avons pas encore commencé les choses sérieuses » en Ukraine
Cette déclaration a autant marqué les médias occidentaux, parce qu’elle a été une douche froide. Jusqu’à présent les trublions atlantistes se répondaient en vase clos, les uns aux autres, oubliant qu’il pouvait y avoir une réponse. Elle est tombée, ils ont cessé de danser, se regardant surpris, tremblotant à l’idée saugrenue qu’ils puissent être responsables de leurs paroles.
Mais ce discours est bien plus riche que cela. En partant de la consolidation nationale et parlementaire au-delà des divergences partisanes, quand la Patrie est en danger, Poutine remercie justement les parlementaires pour leur réaction rapide et constructive, qui a permis d’adopter toute une série de mesures nullifiant en grande partie les effets attendus des sanctions : si des difficultés objectivement existent aujourd’hui, les sanctions n’ont pas permis de mettre à plat l’économie du pays et donc de provoquer un mouvement de contestation national, qui aurait emporté la Russie dans une crise politico-institutionnelle, comme elle en a déjà connu par deux fois dans le passé.
Et revenant sur le rôle de l’OTAN dans la crise mondiale actuelle:
« Ce soi-disant Occident collectif, dirigé par les États-Unis, a été extrêmement agressif envers la Russie pendant des décennies. Nos propositions de créer un système de sécurité équitable en Europe ont été rejetées. Les initiatives de travail commun sur le problème de la défense antimissile ont été rejetées. Les avertissements sur le caractère inacceptable de l’élargissement de l’OTAN, en particulier aux dépens des anciennes républiques de l’Union soviétique, sont ignorés. (…)
Et pourquoi? Parce qu’ils n’ont tout simplement pas besoin d’un pays comme la Russie – voilà pourquoi. C’est pourquoi ils ont soutenu le terrorisme, le séparatisme en Russie, les forces destructrices internes et la « cinquième colonne » dans notre pays. Tous ont reçu et reçoivent encore le soutien inconditionnel de cet Occident très collectif.
On nous dit, on entend aujourd’hui que nous avons déclenché la guerre dans le Donbass, en Ukraine. Non, elle a été déclenché par cet Occident très collectif, organisant et soutenant un coup d’État armé anticonstitutionnel en Ukraine en 2014, puis encourageant et justifiant le génocide contre les habitants du Donbass. Cet Occident collectif est l’instigateur direct, le coupable de ce qui se passe aujourd’hui.
Si ce même Occident a voulu provoquer un conflit pour passer à une nouvelle étape dans la lutte contre la Russie, à une nouvelle étape dans l’endiguement de notre pays, alors on peut dire qu’il a réussi dans une certaine mesure. Et la guerre se déchaîne, et des sanctions sont imposées. Dans des conditions normales, il serait probablement difficile de le faire. »
Ainsi, l’on voit comment la Russie perçoit la cause de l’aggravation soudaine de la crise internationale : sans faire monter la pression jusqu’à une situation conflictuelle militaire directe, le clan atlantiste n’aurait pas pu passer au degré supérieur de son combat contre la Russie, il n’aurait pas pu contraindre les Européens à se tirer une balle dans le pied en adoptant une posture et des mesures contraires à l’intérêt national des pays européens, intérêt qui ne peut être officiellement nié – pour l’instant. Il a donc fallu une « raison supérieure » et le processus du pompier-pyromane fut très efficace, face à des pays de toute manière politiquement déjà soumis.
Selon Poutine, il s’agit d’une stratégie vouée à l’échec, dès lors que la Russie a réagi, ne s’est pas soumise à la terreur :
« Sur quoi j’aimerais attirer votre attention ? Ils auraient dû comprendre qu’ils ont déjà perdu dès le début de notre opération militaire spéciale, car son début signifie aussi le début d’un effondrement radical de l’ordre mondial américain. C’est le début de la transition de l’égocentrisme libéral-mondialiste américain vers un monde véritablement multipolaire – un monde fondé non pas sur des règles égoïstes inventées par quelqu’un pour soi, derrière lesquelles il n’y a rien d’autre qu’un désir d’hégémonie, non sur des doubles standards hypocrites, mais sur le droit international, sur la véritable souveraineté des peuples et des civilisations, sur leur volonté de vivre leur destin historique, leurs valeurs et leurs traditions et de construire une coopération sur la base de la démocratie, de la justice et de l’égalité. Et nous devons comprendre que ce processus ne peut plus être arrêté.
Le cours de l’histoire est inexorable, et les tentatives de l’Occident collectif pour imposer son nouvel ordre mondial au monde, ces tentatives sont vouées à l’échec.
En même temps, je veux dire et souligner : nous avons beaucoup de partisans, y compris aux États-Unis même, et en Europe, et encore plus sur d’autres continents et dans d’autres pays, et ils seront de plus en plus nombreux, cela ne fait aucun doute. «
La rupture entre des élites minoritaires, de plus en plus décalées des peuples, donc sans soutien intérieur, se maintenant en place par la manipulation de l’opinion publique, par la censure, a conduit, comme le souligne le Président Poutine, à l’apparition du spectre totalitaire dans ces pays mêmes, qui se présentent comme les hérauts de la démocratie dans le monde, et tentent d’imposer leurs « valeurs » au reste du monde, par un processus de « décivilisation ». C’est ce que Poutine dénomme très justement le « libéralisme totalitaire ».
« Cette pratique des interdits s’étend non seulement à l’espace de l’information, mais aussi à la politique, à la culture, à l’éducation, à l’art – à toutes les sphères de la vie publique dans les pays occidentaux. De plus, ils imposent au monde entier, ils essaient d’imposer ce modèle – un modèle de libéralisme totalitaire, incluant la culture notoire de l’abolition, des interdits généralisés – . »
Et pour remettre la citation reprise par les médias dans son contexte, c’est alors que Poutine parle de cette volonté déclarée de vaincre la Russie sur le champ de bataille :
« Aujourd’hui, nous apprenons qu’ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille. Bien, que puis-je dire? Qu’ils essayent. Nous avons déjà souvent entendu dire que l’Occident veut se battre contre nous « jusqu’au dernier Ukrainien ». C’est une tragédie pour le peuple ukrainien, mais il semble que tout va dans ce sens. Mais tous doivent savoir que, dans l’ensemble, nous n’avons encore rien commencé de sérieux.
En même temps, nous ne refusons pas les négociations de paix, mais ceux qui refusent doivent savoir que plus ça va, plus il leur sera difficile de négocier avec nous. »
En effet, les dirigeants européens, suivant docilement le diktat globaliste, conduisent leurs pays dans une impasse, car d’une part, ils se mettent à dos les populations locales, qui commencent à se poser de plus en plus de questions quant à la légitimité de l’armement d’un pays utilisant des groupes néo-nazis et employant des ambassadeurs soutenant ouvertement le nazisme, et d’autre part ils se lancent dans un combat qu’ils ne peuvent objectivement mener contre la Russie. Quel Français, Italien, Espagnol va aller se battre pour les Etats-Unis contre la Russie ?
N’oublions pas une chose : les systèmes totalitaires ne durent jamais longtemps, car ils sont trop rigides pour pouvoir s’adapter. Le « totalitarisme libéral » ne fera pas exception.