Le Sénat a confirmé la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême des Etats-Unis par 50 voix contre 48, offrant une victoire à Donald Trump face aux démocrates. Le magistrat va donner une teinte conservatrice à la plus haute juridiction du pays.
Les accusations de dernière minute – non corroborées – d’agressions sexuelles à son encontre n’auront finalement pas pesé dans la balance : Brett Kavanaugh a été confirmé à la Cour suprême ce 6 octobre par les sénateurs américains. Ces derniers ont majoritairement voté selon leur affiliation politique, pour un résultat de 50 voix en sa faveur contre 48 en sa défaveur.
A quelques semaines des élections de mi-mandat, capitales pour conserver une majorité républicaine et pouvoir gouverner, la séquence politique tourne à l’avantage du président américain Donald Trump. Le parti démocrate avait en effet mis un point d’honneur à bloquer cette nomination, électrisant comme rarement le pays.
Les vidéos de militants d’organisations (accusées d’être liées à George Soros) qui invectivent violemment des sénateurs républicains ont, par exemple, fait le tour de la toile, tout comme les nombreuses manifestations, très médiatisées, qui se sont déroulées aux Etats-Unis depuis deux semaines. Cette colère a pris racine dans les graves accusations portées contre du Brett Kavanaugh, formulées par Christine Blasey Ford.
Elle affirme qu’un soir d’été en 1982, alors qu’elle allait aux toilettes, Brett Kavanaugh et un ami, Mark Judge, «totalement ivres» l’auraient isolée dans une chambre. Après l’avoir poussée sur un lit, le futur juge se serait jeté sur elle, tentant de la déshabiller tout en la touchant partout sur le corps.
L’avocat Michael Avenatti, que de nombreux commentateurs voient dans la peau du candidat démocrate à la présidentielle de 2020, n’a quant à lui pas hésité à rapporter le témoignage d’une de ses clientes, assurant que le magistrat choisi par Donald Trump avait participé dans sa jeunesse à des viols collectifs. Le FBI, dans l’enquête qu’il a menée sur le juge Kavanaugh, n’est pas parvenu à trouver la trace d’un comportement inapproprié de la part de celui qui siégera désormais à la Cour suprême.
Une défaite amère pour le Parti démocrate
La tension est encore montée d’un cran ces derniers jours lorsque Jackson Cosko, un assistant travaillant pour des sénateurs démocrates, a publié sur Wikipédia les informations personnelles, dont l’adresse exacte, de trois sénateurs républicains. Du doxxing, pratique consistant à rechercher et à révéler sur internet des informations sur l’identité et la vie privée d’un individu dans le but de lui nuire. Arrêté le 4 octobre, le jeune homme de 27 ans risque une lourde peine de prison.
Après tous ces efforts, la défaite n’en est que plus amère pour le Parti démocrate. Elle pourrait même lui coûter davantage. Si l’on croit les récents sondages, le cirque politique offert au monde dans le cadre de cette nomination profite ainsi aux républicains et au président, qui progressent sensiblement dans les sondages.
Le non-respect par l’état-major démocrate du «procès équitable» ( le due process), principe fondateur de la justice américaine selon lequel il revient à l’accusation d’apporter les preuves de la culpabilité de l’accusé, semble avoir clairement joué en sa défaveur. Une double défaite donc, maintenant que Brett Kavanaugh donne une majorité conservatrice à la Cour suprême.