Temps partiel, bas salaires… près de 8 % des Français en activité vivent sous le seuil de pauvreté. Deuxième volet de la série du Monde sur les travailleurs pauvres.
« J’ai parfois des idées noires», confie-t-il. Le Roubaisien Jean-Philippe Varet est un homme courageux, travailleur… et pauvre. A 44 ans, cet autoentrepreneur dans le bâtiment vit chaque fin de mois avec la boule au ventre. «On gratte au centime près.» Après dix ans de chômage et de RSA, il a monté sa boîte il y a quatre ans, juste avec un scooter et une remorque.
Ce sont ses amis d’ATD Quart Monde qui lui ont payé cette année le permis, réussi du premier coup. «Pôle emploi m’avait promis de le financer mais ils n’avaient plus les fonds…»
Certains matins, il se demande pourquoi il se lève. « On n’encourage pas les gens qui veulent bosser. Il y a trop de charges, trop de comptes à rendre. »
Surtout, Jean-Philippe et sa femme ont fait les calculs : entre la baisse des APL, la perte des bons alimentaires et de l’aide pour les factures d’électricité, ils gagnaient plus quand il était au chômage, grâce aux aides sociales et à quelques petits boulots.
[…] Lorsque ce Roubaisien a su que la Ville proposait d’acquérir des maisons à 1 euro, il a cru pouvoir quitter son logement locatif insalubre du populaire quartier du Pile à Roubaix. « Mais mon autoentreprise n’est pas assez solvable : la banque n’a pas voulu me prêter les 15 000 euros nécessaires pour la rénovation.» […]