Tabasser un manifestant? Pas le premier dérapage d’Alexandre Benalla (vidéo)

Alexandre Benalla, proche collaborateur d’Emmanuel Macron dont il assure la sécurité depuis le tout début de la campagne présidentielle, est au cœur d’une affaire de violence, vidéo à l’appui. Ce n’est pas le premier dérapage de cet homme réputé pour ne pas être un tendre.

(….) Alexandre Benalla, le « monsieur sécurité » du président depuis sa campagne et qui l’a suivi à l’Elysée, où il a un bureau, a été filmé en train de tabasser un manifestant le 1er mai dernier à Paris, vidéo à l’appui.

Retour sur les faits. Le 1er mai 2018, place de la Contrescarpe dans le 5e arrondissement de Paris. Un petit groupe de manifestant s’oppose à des CRS, relativement peu nombreux eux aussi. Des projectiles volent, une charge est lancée.

On voit distinctement sur les images filmées par un passant un homme, casque de police sur la tête mais en civil -comme plusieurs autres agents-, participer aux opérations de police. Il extrait tout d’abord une jeune femme. Puis, alors qu’un jeune a été maîtrisé par les CRS, on voit le même homme revenir, s’en prendre à ce manifestant pourtant au sol, maîtrisé et non véhément. Cet homme c’est Alexandre Benalla.

Des coups, violents, sont portés au manifestant. Des passants tentent même de s’interposer, au moins l’un d’eux filme. Un coup de bombe lacrymogène part: « IIs veulent pas d’images », commente le vidéaste amateur.

Pendant tout ce temps, le jeune manifestant reste au sol, prostré, visiblement mal après les coups reçus. « Regardez bien sa tête! Il l’a tabassé par terre! » s’écrie la personne qui filme en visant Alexandre Benalla. Celui-ci s’éloigne alors discrètement, semblant tenter de se faire oublier.

Et pour cause, cet homme n’est autre qu’un proche d’Emmanuel Macron. N’étant pas membre des forces de l’ordre mais chargé de la sécurité du président -qui n’est pas dans les parages-, il n’a rien à faire là. Ou plutôt si: en repos ce jour-là, il a été autorisé par l’Elysée à « assister » aux opérations de maintien de l’ordre liées aux manifestations du 1er mai, a confirmé le porte-parole de la présidence de la République Bruno Roger-Petit. Mais en tant que simple observateur.

Le dérapage pour le moins musclé d’Alexandre Benalla, qui a laissé un jeune homme sur le carreau, lui ont valu une mise à pied de 15 jours, une rétrogradation (il n’est plus en charge de la sécurité des déplacements du président) et un avertissement: la prochaine fois c’est la porte, lui fait-on comprendre. Contacté par nos soins ce jeudi matin, Alexandre Benalla n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Sauf qu’Alexandre Benalla reste dans les petits papiers: lundi 16, au lendemain de la victoire des Bleus à la coupe du monde, il est par exemple dans le bus qui ramène les joueurs au palais présidentiel après la descente, rapide, des Champs-Elysées.

Le jeune homme n’en est pourtant pas à son premier dérapage. Passé par le PS, où il a gravi les échelons du service d’ordre avant d’être en charge de la sécurité de Martine Aubry puis de François Hollande et Arnaud Montebourg, il laisse un souvenir mitigé. Cité par Le Monde Eric Plumer, figure du SO socialiste, se souvient d’un jeune « qui en veut » et « posé »; mais Arnaud Montebourg a un tout autre sentiment.

Alexandre Benalla a été son chauffeur pendant… une semaine. Pourquoi si peu? « Je m’en suis séparé (…) après une faute professionnelle d’une première gravité: il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite », raconte ainsi l’ancien ministre.

Et ce n’est pas tout, l’homme à la carrure athlétique peut également s’en prendre à la presse, comme lorsqu’il soulève, à Caen en mars 2017, et éjecte un photographe qui s’était approché un peu trop du président à son goût. Une altercation avec un commissaire, en tenue, qu’il s’est permis de houspiller pose aussi question.

Intouchable, car proche d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla? L’avenir le dira: une enquête a été ouverte ce jeudi 19 à son encontre par le parquet de Paris notamment pour « violences par personne chargée d’une mission de service public » et « usurpation de fonctions ». A l’Elysée l’affaire est prise très au sérieux et les ministres ont été mobilisés pour tenter de circonscrire l’incendie loin de la sphère présidentielle.

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