«Ingérence» russe aux USA, affaire Skripal, OTAN : Vladimir Poutine répond aux questions de Fox News

Après la rencontre historique entre les chefs d’Etat américain et russe à Helsinki, Vladimir Poutine a accordé une interview à la chaîne américaine Fox News. Le président russe a donné son point de vue sur plusieurs sujets géopolitiques sensibles.

Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontrait à Helsinki ce 16 juillet pour leur premier entretien bilatéral. Lors d’une conférence de presse commune à l’issue de cette rencontre, les deux présidents ont notamment vanté la bonne coopération de leurs armées concernant le dossier syrien.

Vladimir Poutine a ensuite poursuivi cette journée historique en accordant un entretien au journaliste Chris Wallace, de la chaîne américaine Fox News.

Accusations d’ingérence russe dans l’élection américaine de 2016

A la question de savoir si Moscou s’était ingéré dans le scrutin présidentiel américain de 2016, Vladimir Poutine a répondu par la négative et s’est demandé si les Américains pouvaient réellement croire à une telle hypothèse.

En outre, le président russe a souhaité rappeler le contexte de l’époque en revenant sur des échanges controversés mettant en avant des tentatives de déstabilisation des candidats démocrates au sein même de leur parti. «Autant que je sache, la direction des organes exécutifs du parti [démocrate] a démissionné, admettant ce fait [des manipulations en faveur d’Hillary Clinton contre Bernie Sanders]. Je crois que c’est la chose la plus importante», a expliqué Vladimir Poutine.

Au cours de l’entretien, Chris Wallace a tendu à Vladimir Poutine un rapport de 29 pages inculpant douze agents du renseignement russe dans le cadre du piratage présumé des ordinateurs du parti démocrate. Sans toucher au document, le président russe a demandé à son interlocuteur de le laisser sur le côté de la table, commentant toutefois l’existence de ce dossier. «Ce sont des jeux politiques internes aux Etats-Unis.

Ne rendez pas la relation entre la Russie et les Etats-Unis otage de ces luttes politiques internes», a réagi le chef de l’Etat russe. Il a en outre a souligné que l’acte d’accusation formulé dans le rapport avait été contesté devant un tribunal américain, qui n’a découvert «aucune trace d’ingérence». Et le président russe d’ajouter : «Ce n’est pas un sujet de fierté pour la démocratie américaine, car utiliser les agences gouvernementales dans une rivalité politique est inadmissible.»

Sur d’éventuels éléments compromettants sur Donald Trump : «Nous n’avons rien sur lui»

Rebondissant sur le climat apaisé qu’a tenté d’installer Donald Trump avec son homologue russe, le journaliste de Fox News a également demandé à Vladimir Poutine si l’absence d’une confrontation marquée entre les deux hommes, qui semble avoir agacé de nombreux politiques américains, n’était pas liée à des dossiers compromettants que Moscou pourrait avoir entre ses mains.

Vladimir Poutine a rappelé que l’objectif de la rencontre était d’améliorer la relation entre Moscou et Washington, avant de sourire face à l’accusation de disposer d’éléments compromettants sur Donald Trump. «Nous n’avons rien sur lui. Je ne veux pas insulter le président Trump en disant cela, et cela peut paraître impoli, mais avant qu’il n’annonce sa candidature à la présidence, il ne nous intéressait pas», a-t-il fait savoir.

Evoquant les 500 personnalités présentes lors du récent sommet de Saint-Pétersbourg, le président russe a par ailleurs ironisé : «Pensez-vous que nous un avons un service de surveillance organisé pour chacun d’entre eux ? Contrairement aux Etats-Unis, nous ne faisons pas cela […] Nous n’avons pas les ressources et le personnel pour espionner tout le monde.»

Chris Wallace a ensuite interrogé Vladimir Poutine sur la réaction russe face à un potentiel élargissement des pays membres de l’OTAN à l’Ukraine ou la Géorgie. Le dirigeant russe a estimé sur ce sujet qu’une telle expansion constituerait «une menace immédiate à la sécurité [de la Russie]».

Vladimir Poutine dénonce des «accusations infondées» concernant les empoisonnements en Grande-Bretagne

Interrogé sur les récents empoisonnements, fin juin, de citoyens Britanniques à Amesbury, ville proche de Salisbury, où Sergueï Skripal et sa fille avaient été empoisonnés le 4 mars 2018, Vladimir Poutine a souligné que les accusations portées contre la Russie étaient «infondées», ajoutant : «Nous voudrions voir des preuves documentées, mais personne ne nous en donne.»

Face à cet épisode qui a ravivé les tensions entre Londres et Moscou, plusieurs mois après l’affaire Skripal, le président russe a déploré un nouvel épisode de tensions diplomatiques. «Pourquoi nos relations devraient-elles se détériorer à cause de cela ?», a-t-il ainsi interrogé.

Un renouveau de la relation russo-américaine ?

S’exprimant enfin sur les débouchés de sa rencontre avec son homologue américain, Vladimir Poutine a estimé qu’au lieu de se battre l’un contre l’autre, l’Occident et la Russie devraient privilégier la recherche d’une entente pour faire face à leurs défis communs. «Nous avons commencé aujourd’hui», s’est-il félicité, alors que ce réchauffement diplomatique initié à Helsinki a suscité de vives critiques aux Etats-Unis. Certains politiques accusent Donald Trump de «trahison», chez les démocrates comme dans son propre camp.

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