Paris peut « envoyer tout un arsenal, ça ne changera » rien à Mayotte

Les violences qui secouent Mayotte ont des causes profondes, qui ne disparaîtront pas avec une intervention militaire française. Natuk Mohamed Mouzaoir, premier secrétaire du parti comorien Ulezi, explique à Sputnik ce qui pourrait faire baisser la tension.

Mayotte continue d’être le théâtre de violences, au point que certains élus appellent désormais de leurs vœux une intervention de l’armée française. Dans l’hémicycle, la députée Estelle Youssouffa (LIOT) a notamment demandé le déploiement de la marine nationale pour éviter la « guerre civile à Mayotte ».

Un intervention militaire qui pourrait calmer les esprits quelques temps, mais ne mettra pas fin aux difficultés du département, délaissé par la métropole, explique à Sputnik Natuk Mohamed Mouzaoir, Premier secrétaire du parti comorien Ulezi.

« L’île de Mayotte a toujours été la sous-France. Envoyer des militaires ne suffira pas. Vous pouvez envoyer tout un arsenal, ça ne changera pas la situation. Ça pourra calmer quatre jours ou un mois, mais on reviendra à la même problématique. C’est plus profond. Il faut des mesures structurelles », affirme-t-il.

Le responsable préconise un retour à la « libre-circulation », qui avait court jusqu’à l’instauration du « visa Balladur de 1996 ». Une mesure qui a, selon lui, transformé les eaux de l’archipel en « cimetière marin », de nombreusespersonnes périssant en essayant de passer de l’île d’Anjouan à celle de Mayotte.

Des mineurs livrés à eux-mêmes

Ces dernières semaines, le débat s’est particulièrement focalisé sur les violences commises par les mineurs. Estelle Youssouffa allant jusqu’à parler de « barbes en culottes courtes » à l’Assemblée.

« À Mayotte, chaque jour, nos enfants vont à l’école la peur au ventre, […] les automobilistes sont agressés par des hordes de jeunes démons. »@Eyoussouffa (LIOT) : « quel acte de barbarie supplémentaire faut-il pour que la République réagisse ? »#DirectAN #QAG pic.twitter.com/3xftkEXzHQ— Assemblée nationale (@AssembleeNat) November 22, 2022

Une réalité que ne nie pas Natuk Mohamed Mouzaoir, qui déplore que ces enfants et adolescents aient été laissés à l’abandon.

« C’est une question d’éducation. Ce sont des mineurs de 12 à 18 ans qui ont grandi sans leurs parents. Leurs parents se sont fait refoulés, chassés dans les autres îles. Ces enfants ont grandi sans pères ni mères, comment voulez-vous qu’ils aient des repères? L’État non plus n’a pas pu ou n’a pas su les prendre en charge. C’est la rue qui a tracé leur chemin », explique-t-il.

Et le responsable politique d’accuser Estelle Youssouffa de verser des « larmes de crocodiles », la député ayant fait son « fonds de commerce » de cette montée de l’insécurité.

Mayotte est secouée par des violences entre quartiers depuis mi-novembre. Un jeune homme de 20 ans avait notamment été tué à la machette le 12 novembre. Paris a décidé de déployer des hommes du Raid, unité d’élite de la police française.

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