De nombreux internautes reprochent à l’exécutif de ne pas avoir anticipé l’épidémie de coronavirus et de ne pas être suffisamment transparents dans la gestion de la crise sanitaire.
« Le hashtag #IlsSavaient est apparu sur Twitter le samedi 21 mars, juste après la déclaration d’Agnès Buzyn qui assurait avoir prévenu le gouvernement de la gravité de l’épidémie de Covid-19, dès le mois de janvier », explique Pascal Froissart, maître de conférences à l’Université de Paris VIII et chercheur au Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CÉMTI).
Les propos de l’ancienne ministre de la Santé ont abondamment été repartagés, et ont rapidement mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux. « #IlsSavaient et n’ont rien fait.
Des têtes doivent tomber rapidement » ou encore « #IlsSavaient et essaient de nous rendre responsable de leur incurie (…)
La macronie nous oblige à aller bosser, pour essayer de sauvegarder les intérêts de la finance », ont ainsi tweeté certains internautes. […]
Cette crise semble aujourd’hui révéler une fracture sociale bien présente dans le pays. «Ces mots-clés rassemblent tout le mécontentement de ceux qui ont le sentiment d’avoir été trompés. Le ‘ils’ désignent ‘les élites’ qui ont tardé à agir malgré leurs informations et qui, aujourd’hui, manquent de transparence dans la gestion de l’épidémie du coronavirus», explique l’écrivain Philippe Pascot, l’une des figures du mouvement des gilets jaunes, auteur du livre Mensonges d’Etat (Max Milo Editions).
«Une sorte de mobilisation est en train de naître sur les réseaux sociaux. Il y a un ras-le-bol général de ces politiques qui ont des passe-droits [pour se faire dépister ou se faire traiter à la chloroquine], de ces Parisiens nantis qui ont fui en province, de ceux qui doivent travailler alors que d’autres restent chez eux !» […]
Pour certains, le contenu des messages relayés sous la bannière « #IlsSavaient » rappellent également ceux massivement partagés en 2018 sur les réseaux sociaux par les « gilets jaunes ». «Il y a en effet beaucoup de militants et de groupes Facebook de gilets jaunes qui repartagent quotidiennement ces hashtags», reconnaît Philippe Pascot.
«Mais c’est beaucoup plus profond. C’est tout le peuple français qui hurle. Même la couche moyenne supérieure qui défendait encore un peu Macron et sa politique est aujourd’hui en colère !». […]