Drapeau d’Israël en paillasson et gardes armés… Une association proche de l’Iran visée

La ville de Grande-Synthe, dans le Nord, a été le théâtre d’une opération antiterroriste le 2 octobre. Le siège d’une association chiite a été perquisitionné alors que les autorités gelaient dans le même temps les avoirs de deux ressortissants iraniens. L’un d’eux est soupçonné d’avoir pris part à un projet d’attentat déjoué en juin.

Le calme matinal de la petite ville de Grande-Synthe, 23.000 habitants, a été secoué par un vaste coup de filet antiterroriste ce 2 octobre. À 6h00, le siège de l’association chiite Centre Zahra France ainsi que les domiciles de ses principaux dirigeants ont été la cible des hommes du RAID et de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI). La grande bâtisse de briques rouges située proche de l’autoroute a été entourée par une douzaine de cars de CRS.

D’après la préfecture du Nord, l’opération a nécessité pas moins de 200 policiers. De nombreux membres des forces de l’ordre quadrillaient cette localité proche de Dunkerque.

En cause? Le soutien présumé de l’association à plusieurs organisations terroristes. D’après une source proche du dossier citée par l’AFP, trois personnes ont été placées en garde à vue. Des faits de détention illégale d’arme à feu seraient reprochés. En parallèle de l’opération, des dirigeants de l’association ont vu leurs avoirs gelés par un arrêté publié dans le Journal officiel. Téhéran a directement été visé.

Les ministères de l’Intérieur ainsi que de l’Économie et des Finances ont pris une mesure similaire contre la Direction de la Sécurité intérieure du ministère des Renseignements iranien et de deux ressortissants du pays. L’un d’eux est soupçonné par les autorités françaises d’avoir participé au projet d’attentat qui devait frapper Villepinte, en Seine-Saint-Denis, en juin dernier. C’est le rassemblement des Moudjahidine du peuple (MEK) qui était visé. Ces derniers font partie de l’opposition politique en Iran.

«Une tentative d’attentat a été déjouée à Villepinte le 30 juin dernier. Cet acte d’une extrême gravité envisagé sur notre territoire ne pouvait rester sans réponse», ont expliqué le quai d’Orsay et Bercy dans un communiqué commun.

Pour rappel, le 2 juillet dernier, c’est de Belgique que tout a commencé. Le parquet fédéral du plat pays annonçait avoir déjoué le projet d’attentat à la bombe censé frapper le MEK. L’ombre de l’Iran plane sur cette enquête aux forts accents diplomatiques. C’est Bruxelles qui mène la danse en coopération avec les autorités judiciaires françaises et allemandes.

Très anti-israélien, le Centre Zahra de Grande-Synthe accueille plusieurs associations dont le Parti antisioniste, France Marianne Télé ou encore la Fédération chiite de France. Elles sont dans le collimateur des autorités car soupçonnées de faire l’éloge du djihad ou d’organisations comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais très apprécié de Téhéran. L’Union européenne et les États-Unis considèrent les branches armées de ces mouvements comme terroristes.

Une communauté entourée de mystère

Un journaliste de l’agence de presse française qui s’est rendu sur place a décrit ce corps de ferme d’une superficie de 5.000 m2 acheté il y a 18 ans et ouvert en 2005. Il dispose d’une salle de conférence et d’une salle de prière et l’on y rentre en marchant sur un paillasson recouvert… d’un drapeau israélien.

Jamel Tahiri, 43 ans, est responsable religieux du Centre. D’après lui, il est fréquenté par «environ 150 personnes». Il justifiait la possession d’armes à feu par certains individus. D’après lui, rien à voir avec le terrorisme. C’est «pour la sécurité du Centre». Ce dernier a fait partie des leaders qui ont vu leurs domiciles perquisitionnés. Abdelkrim Khalid et Yahia Gouasmi y ont également eu droit.

Plusieurs internautes ont souligné la proximité supposée entre ce dernier et les sulfureux Alain Soral et Dieudonné.

Le Centre Zahra France manie la propagande sur le Web avec dextérité. Son site internet indique qu’il a pour but de «faire connaître le message de l’islam à travers le regard du prophète et de sa famille». Et pour se faire, l’organisation n’hésite pas à organiser colloques, voyages, projections et publications d’œuvres.

Jamel Tahiri se défend de tout soutien à Daech* en rappelant son obédience religieuse: «On est chiite, on est contre Daech*.» Il ne cache pas son soutien au Hezbollah et assure qu’il donne «des cours de religion et d’éducation» au Centre. Les services de l’édile ont affirmé que l’association ne vient en aide «ni de près ni de loin» aux migrants, nombreux dans la ville. Elle se tiendrait également loin de la vie politique et associative de la ville d’après la mairie.

Une riveraine du Centre a affirmé que le Centre Zahra possédait des commerces en ville et a souligné le côté secret qui entoure l’organisation à un journaliste de l’AFP:

«C’est une communauté très fermée, on ne sait pas trop ce qu’il se passe à l’intérieur, il y a souvent des gardes devant l’entrée.»

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