Adhésion de la Macédoine à l’Otan et l’UE, encore loin de la coupe aux lèvres

L’OTAN et l’UE vont-elles s’étendre encore plus? Depuis l’annonce de Skopje ce mardi 12 juin d’un changement de nom du pays, l’adhésion de la «République de Macédoine du Nord» à l’OTAN et l’UE ne serait plus bloquée par Athènes. Mais les oppositions sont nombreuses et cette annonce pourrait entraîner une nouvelle crise régionale. Analyse.

L’annonce fait grand bruit: Athènes et Skopje, après vingt-sept années d’opposition se mettent d’accord pour un changement de nom de la Macédoine. L’«Ancienne République Yougoslave de Macédoine» pourrait donc s’appeler «République de Macédoine du Nord».

Si le nom du pays est loin d’être anodin, notamment pour la Grèce et la Macédoine, la résolution de cet antagonisme pourrait entraîner quelques bouleversements régionaux. Pour autant, certains préfèrent plutôt y voir une sortie de crise. La raison? La possible adhésion de la Macédoine à l’UE et à l’OTAN.

Le 2 avril 2008, la Grèce utilise son droit de veto contre la candidature de la Macédoine à l’OTAN, sous prétexte d’un différend entre Athènes et Skopje sur le «nom» de ce pays limitrophe. En échec, la Macédoine avait alors vu ses voisins intégrer l’Alliance et ses perceptives d’adhésion à l’UE s’éloigner. Si le nom a son importance dans cette crise régionale —outre la Grèce, la Bulgarie et l’Albanie sont aussi touchées- l’Histoire et les territoires et donc la Nation sont totalement concernés, rendant le différend presque existentiel.

Et si les premières impressions pourraient laisser penser que cet accord entre gouvernements permettrait, de facto, à l’OTAN et à l’UE de compter un nouveau membre, les étapes sont encore nombreuses et surtout compliquées.

Objectif premier du gouvernement de Skopje depuis le début de son mandat en mai 2017, cet accord avec Athènes est discuté depuis des mois. Pour autant, les négociations se sont intensifiées ces dernières semaines. Et si rien ne semble précipité dans cette annonce, il convient d’analyser l’accord entre les deux parties, encore très flou, avant d’imaginer que ce règlement s’inscrira dans le temps. Ce manque d’information ne permet ainsi pas de savoir si tous les objectifs fixés sont atteints.

De plus, cet accord n’est qu’une première étape. En effet, le gouvernement de Skopje doit maintenant faire valider cet accord par le Parlement. Si la coalition actuelle a obtenu 62 des 120 sièges dans l’Assemblée en juin 2017, et donc une majorité absolue, il serait prudent d’attendre ce vote parlementaire. Cette ratification sera donc une nouvelle étape pour que la Grèce soutienne la candidature/présence de la Macédoine du Nord aux prochains sommets européen et otanien.

Puis, Skopje devra s’atteler à la révision de la Constitution. Cependant, pour entériner ce changement, le gouvernement ne possède pas la majorité qualifiée nécessaire à la validation d’une nouvelle Constitution nationale.

L’accord devra ensuite passer aux mains du peuple. En effet, à l’automne prochain, il sera soumis à un référendum pour être totalement accepté en Macédoine du Nord. Et enfin, à supposer que ce processus se déroule sans anicroche, le texte sera soumis au Parlement grec. De là à ce que le peuple grec demande aussi un référendum… Le parcours législatif s’annonce donc extrêmement ardu.

Mais il le sera d’autant plus qu’il existe de réelles et fortes oppositions. En Macédoine, tout d’abord, le parti d’opposition qui a perdu les dernières élections législatives, le VMRO-DPMNE, parti dont est issu le Président Nikola Gruevski, est farouchement opposé à l’accord passé entre les Premiers ministres Zoran Zaev (Macédoine) et Alexis Tsípras (Grèce). Considéré comme une «capitulation», cet accord entraîne beaucoup de critiques chez les nationalistes du parti d’opposition. Son chef, Hristijan Mickoski a déclaré que le Premier ministre avait mené les négociations «de manière incompétente et accepté toutes les revendications de la Grèce».

Il a de plus ajouté que son parti «n’acceptera pas les changements du nom constitutionnel» du pays. Ces critiques sont d’autant plus fortes qu’elles sont approuvées par de nombreux citoyens qui ont largement manifesté ces derniers mois. Le contexte politique est véritablement instable en Macédoine depuis de nombreux mois et cet accord ne risque pas de calmer le jeu.

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