Terrorisme : qui sont les détenus condamnés bientôt libérés ?

« Revenants » du djihad, velléitaires ou soutiens logistiques et financiers…
Des dizaines de détenus condamnés pour terrorisme sont amenés à être libérés dans les deux prochaines années.

Ils sont majoritairement âgés de 20 à 30 ans, de sexe masculin et purgent des peines de cinq ans de prison en moyenne. Voilà le portrait-robot des détenus condamnés pour des infractions terroristes et potentiellement libérables dans les deux prochaines années, selon des chiffres compilés par le Centre d’analyse du terrorisme (CAT).

Pour aboutir à une liste d’une quarantaine de profils, le think-tank a calculé les dates de sortie théorique des personnes jugées devant la 16e chambre correctionnelle de Paris entre 2014 et 2017 – époque « filières syro-irakiennes » –, en prenant en compte les éventuelles remises ou réductions de peines.

Quatre catégories se dégagent : les premiers « revenants » du djihad, les velléitaires, les individus impliqués dans des réseaux de soutiens logistiques ou financiers et les participants à un projet d’attentat. « Ceux partis en zone irako-syrienne sont les plus inquiétants : ils ont appris à manier des armes et sont capables de recruter, auréolés de leur statut de combattants, observe Jean-Charles Brisard, président du CAT. Les velléitaires représentent aussi une menace puisqu’ils ont pu mûrir en prison une frustration d’avoir été empêchés de partir. »

Des hommes impliqués dans des filières connues

Les femmes djihadistes y sont sous-représentées, car la majorité d’entre elles ont été placées sous contrôle judiciaire ou n’ont pas été l’objet de poursuites judiciaires. Lorsque le phénomène Daech est apparu, elles ont été considérées comme des personnages secondaires, cantonnées à des tâches ménagères ou familiales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Parmi les futurs « sortants » figurent des hommes impliqués dans des filières djihadistes connues. Comme ce jeune converti de 25 ans, condamné dans l’affaire Cannes-Torcy, un groupe d’islamistes radicaux responsables de l’attentat contre une épicerie casher de Sarcelles (Val-d’Oise) en 2012. Il a vécu une détention particulièrement agitée, entre « attitude prosélyte », tentatives d’entrer en contact avec des complices et violences contre des gardiens de prison. Il est libérable en 2018.

On retrouve aussi des individus proches de djihadistes médiatiques, comme le Niçois Omar Diaby ou Salim Benghalem, originaire du Val-de-Marne. L’un d’eux s’était illustré en ayant tenté de gagner la Syrie… sous bracelet électronique. Il avait aussi demandé à prier dans le box des prévenus lors de son procès.

Et des « primo-délinquants »

Les parcours de certains détenus méconnus n’en restent pas moins inquiétants. En témoigne le cas d’un adolescent de 18 ans, interpellé en février 2016 à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) et libérable en 2019.

Il avait publié sur la messagerie chiffrée Telegram le message suivant : « Tu sais je vais pas faire la hijra j’ai prévu autre chose, je connais la ville j’ai déjà le matériel et je sais à quel moment. Tkt j’ai pas besoin d’acheter les a… (armes ?) J’ai déjà ».

A l’inverse, des profils moins lourds sont recensés, comme celui d’un converti de 23 ans libérable en 2018, décrit par la justice comme « immature » et guidé « plus par l’affectif que la raison ». Selon le CAT, la majorité de ces détenus sont « primo-délinquants ».

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