Sur fond de sanctions occidentales visant les hydrocarbures venus de Russie, leurs importations par les pays d’Afrique du Nord ont bondi ces derniers mois. Le Wall Street Journal soupçonne qu’ils puissent être mélangés en vue d’une réexportation vers l’Europe.
Les pays d’Afrique du Nord ont drastiquement augmenté les importations de diesel et d’autres produits pétroliers raffinés russes, alors que Moscou est coupé du marché européen, constate le Wall Street Journal (WSJ).
Pour leur part, les nations européennes, qui représentaient environ 60% des exportations russes de produits pétroliers raffinés avant le début du conflit armé en Ukraine, ont réduit ces flux ces derniers mois. Une interdiction de l’Union européenne sur les importations de produits pétroliers raffinés russes, qui comprend entre autres le diesel et l’essence, est entrée en vigueur ce mois-ci, parallèlement à des mesures visant à plafonner le prix des ventes. Ces mesures font suite à des sanctions similaires sur les importations de pétrole brut russe en vigueur depuis décembre.
L’Afrique prend le relais
Les sanctions ont contraint Moscou à rediriger les exportations de l’Europe vers des marchés alternatifs. « Les pays d’Afrique du Nord ont pris le relais », réaffirme le WSJ.
Par exemple, la Tunisie, qui n’avait importé presque aucun produit pétrolier russe en 2021, s’est mise à fortement acheter du diesel, du gasoil ou encore de l’essence. Le pays a acquis 2,8 millions de barils de produits pétroliers russes en janvier et devrait importer 3,1 millions de barils supplémentaires ce mois-ci, précise le quotidien.
Les importations marocaines de diesel russe, qui s’élevaient à environ 600.000 barils pour l’ensemble de 2021, ont bondi à 2 millions de barils en janvier, et au moins 1,2 million supplémentaires devraient y arriver en février, selon les données recueillies par le WSJ. L’Algérie et l’Égypte ont également augmenté les importations.
Les sanctions sapées?
La hausse des importations vers la Tunisie et le Maroc a coïncidé avec celle de leurs propres exportations de produits raffinés. Le journal suppose que les hydrocarbures russes sont mélangés avec d’autres produits pétroliers et réexportés. Cela complique les efforts occidentaux pour éliminer les combustibles fossiles russes de leurs économies. Si la tendance se poursuit, priver Moscou de revenus serait ardu, selon des analystes.