- « Je continuerai d’avoir une attitude critique contre ceux… qui abusent des ouvertures libérales de la constitution et de sa tolérance pour imposer une vision totalitaire de l’État, saper les règles de l’État de droit, et propager une doctrine anti-occidentale …. Je n’adapterai pas ma vision de la liberté d’expression à… ‘Tout le monde a le droit d’exprimer librement son opinion tant que ce n’est pas contraire à la charia’ ». — Ralph Giordano, FAZ.net.
- Une fois qu’un barrage cède, toute la question est de savoir qui court le plus vite.
- La ville a aussi changé le nom de ses places… Marcel Philipp, maire d’Aix-la-Chapelle a réclamé une « Moscheeplatz » (« Place de la Mosquée »), en accord avec le [Département de Affaires religieuses] turc…
- Ensuite, il y a la question démographique : la population de Raunheim est composée à 70 % de migrants. « Ici, les musulmans sont plus nombreux que les chrétiens ». —Thomas Jühe, maire social-démocrate, Die Welt, 16 novembre 2021.
- Néanmoins, ils disent que le « Grand Remplacement » et l’islamisation de l’Europe relèvent des théories du complot. Avons-nous vraiment compris à quoi ressemblera l’Europe de demain ?
Les mosquées de Cologne, quatrième ville d’Allemagne, ont désormais le droit d’utiliser les haut-parleurs de leurs minarets pour diffuser l’appel à la prière du vendredi. Pour certains habitants de Cologne, l’appel à la prière musulman équivaut au cri de conquête que les chrétiens du Moyen-Orient et d’Afrique subissent cinq fois par vingt-quatre heures jusque dans leurs églises et leurs maisons. Au tour de l’Allemagne maintenant. Photo : la mosquée centrale de Cologne. (Photo par Andreas Rentz/Getty Images) |
« L’hégémonie occidentale, c’est terminé », a récemment déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan. « Ça a duré des siècles, mais c’est fini ».
Presque au même moment, les mosquées de Cologne, quatrième ville d’Allemagne, ont obtenu l’autorisation d’utiliser les haut-parleurs de leurs minarets pour lancer des appels publics à la prière tous les vendredis soirs.
« De nombreux habitants sont musulmans », a déclaré Henriette Reker, maire de Cologne. « Autoriser l’appel du muezzin est un signe de respect ».
Pour d’autres, l’appel islamique à la prière représente ce cri de conquête que les chrétiens du Moyen-Orient et d’Afrique subissent cinq fois par vingt-quatre heures jusque dans leurs églises et leurs maisons. Au tour de l’Allemagne, maintenant.
Il y a seize ans, Benoît XVI effectuait sa première visite papale à Cologne. A cette occasion, il a invité la jeunesse d’Europe à revenir à ses racines et à partir en pèlerinage sur le tombeau des Rois Mages. Un an plus tard, à Ratisbonne, il a mis en garde contre la violence intrinsèque de l’islam. Aujourd’hui, c’est à Cologne que l’Allemagne a signé sa capitulation face à l’islam politique.
Le journaliste Daniel Kremer a rappelé dans Bild que de nombreuses mosquées de Cologne sont financées par le gouvernement turc et contrôlées par Erdogan, « un homme opposé aux valeurs libérales de notre démocratie ». Kremer a ajouté :
« Il n’y a aucun parallèle possible entre les cloches des églises et l’appel à la prière. Les cloches sont un signal sans paroles qui indique également l’heure. Mais le muezzin crie ‘Allah est grand !’ et ‘Je proclame qu’il n’y a de Dieu qu’Allah’. Cela fait une grande différence. »
Les cloches des églises ne proclament pas que le dieu des Chrétiens est unique et que Jésus est son fils.
L’expert en intégration Ahmad Mansour a également contesté la position du maire de Cologne Henriette Recker. « Il ne s’agit pas de ‘liberté religieuse’ ou de ‘diversité’, comme elle l’affirme », a déclaré Mansour. « La mosquée exige d’être visible. Le muezzin est une démonstration de pouvoir ».
L’année dernière, un tribunal a autorisé une mosquée de Münster à appeler publiquement à la prière le vendredi. Cette mosquée est gérée par l’Association turco-islamique aux affaires religieuses, la DITIB. Cette association gère environ 900 mosquées en Allemagne, compte 800 000 membres environ et répond à tous les demandes d’imams et de financements.
Peu après Cologne, le Land de Hesse a proclamé que les appels publics à la prière pouvaient se dispenser d’autorisation.
Selon Der Spiegel, huit des 100 plus grandes villes d’Allemagne, ont autorisé les appels publics à la prière. A Düren, la mosquée turque Fatih appelle les fidèles à la prière trois fois par jour. Susanne Schröter, professeur d’ethnologie à l’université Goethe de Francfort, affirme que les musulmans perçoivent ces appels à la prière comme le signal triomphal d’un « islam fort » sur un « christianisme faible ». Le souhait est ensuite formulé que le croissant islamique remplace les étoiles sur le drapeau de l’Union européenne.
« L’appel à la prière sera-t-il entendu dans toute l’Allemagne ? » a demandé le journal le plus populaire d’Allemagne, Bild. A Munich aussi, la voix du muezzin se fait entendre. Depuis avril 2020, cinq mosquées ont été autorisées à faire usage de leurs haut-parleurs. « L’appel du muezzin ne nécessite pas d’autorisation », ont déclaré les autorités de Hanovre ou l’on dénombre 27 mosquées. « C’est comme le son des cloches, la liberté religieuse est protégée par la Constitution ».
Une réponse similaire a été faite à Dresde : « Nous nous considérons comme une société urbaine diversitaire et cosmopolite ».
Le maire de Francfort ou s’élève une mosquée qui peut accueillir jusqu’à 6 000 fidèles, a déclaré : « la loi ne prévoit pas d’autorisation pour la prière du muezzin, ni pour les cloches d’église ».
Dortmund, Hamm, Siegen, Düren et Oldenburg ont également autorisé l’appel public à la prière islamique. A Nuremberg, la dizaine de mosquées qui appelle publiquement les fidèles à la prière ne « pose pas de problème ».
L’ancien président de la Cour constitutionnelle de Rhénanie du Nord-Westphalie, Michael Bertrams, considère que cette situation est un « triomphe politique » pour le président turc. De son côté, Hamed Abdel-Samad, un sociologue qui vit sous protection policière en raison des menaces de mort que les islamistes profèrent à son encontre, se montre encore plus catégorique :
« L’appel à la prière commence par ‘Allahu Akbar’, qui est aussi le cri de ralliement des musulmans. Ce cri dit qu’Allah est plus grand. Plus grand que l’ennemi, plus grand que le peuple, plus grand que la vie, plus grand que l’Allemagne, plus grand que tout. Et comme il est plus grand que tout, en fin de compte, la seule loi qui s’applique est la charia ».
Malte Kaufmann, député au Bundestag a écrit :
« Désormais, chaque vendredi à Cologne, ‘Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah !’ Cela mis à part, il n’y a pas d’islamisation de l’Allemagne… Cela fait des années qu’on lance des alertes ! L’appel du muezzin est une revendication de pouvoir. Petit à petit, l’Occident chrétien est trahi ».
« L’histoire de la mosquée centrale de Cologne témoigne de la naïveté des autorités allemandes dans leurs relations avec les organisations islamiques », a rapporté le quotidiens suisse Neue Zürcher Zeitung, le plus ancien journal de langue allemande en Europe.
« Avant le début de la construction, l’association gestionnaire turque avait promis au maire de Cologne de l’époque, Fritz Schramma, que les sermons seraient prononcés en allemand et que la mosquée deviendrait un lieu de rencontre interreligieux. L’ancien maire, l’un des plus gros bailleur de fonds de la mosquée, n’a pas été invité à l’inauguration. Ce qui devait être un lieu de rencontres interculturelles ou l’islam serait prêché en allemand est devenu un centre nationaliste islamiste. Ainsi en a décidé Erdogan. Quiconque pense que le muezzin cessera au bout de cinq minutes se berce de contes de fées ».
L’atmosphère qui règne en Allemagne aujourd’hui est une sorte de capitulation enfantine et sans limite. « Si on dit oui aux cloches, alors on doit aussi dire oui aux minarets », a déclaré le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne. Il n’est pas exclu que les églises allemandes aient décidé de se suicider. L’archidiocèse de Cologne – le plus grand d’Allemagne et l’un des plus riches du monde – envisage de réduire ses paroisses de 500 à 50 d’ici 2030. A Cologne, Erdogan s’est déplacé pour inaugurer la plus grande mosquée d’Allemagne, accueilli par la chancelière allemande Angela Merkel, fille d’un pasteur prussien.
Ce geste de bonne volonté n’a pas empêché le président turc, en 2020, de transformer la grande basilique byzantine de Sainte-Sophie en mosquée. L’église catholique de Saint-Théodore de Cologne a même contribué au financement de la mosquée, ajoutant ainsi sa pierre à l’islamisation de la ville, au nom d’un dialogue interreligieux imaginaire.
Ralph Giordano, un écrivain juif rescapé de la Shoah, affirme que la décision de Cologne favorise « l’islam politique » ; il a aussi déploré la « gigantomanie » de la grande mosquée » qu’il analyse comme « une sorte de déclaration de guerre ». Dans FAZ, Giordano a écrit :
« Je continuerai à adopter une position critique contre ces imams qui utilisent le libéralisme et la tolérance de la constitution pour imposer une vision totalitaire de l’État, saper l’État de droit, endoctriner, se livrer à des menées anti-occidentales, enseigner la charia …
« Je veux pouvoir dire que les burqas ou les tchadors dans les rues allemandes m’insupportent, et que doivent cesser les appels des muezzins depuis les minarets. Je n’adapterai pas ma vision de la liberté d’expression à un démon qui proclame que : ‘chacun a le droit d’exprimer librement son opinion à condition que cela ne soit pas contraire à la charia’. Non et trois fois non ! »
Dès qu’un barrage cède, la question est de savoir qui courra le plus vite. Helge Braun, chef de la chancellerie qui aimerait diriger la CDU, le parti d’Angela Merkel, s’est prononcé le premier en faveur de l’appel public à la prière.
A Aix-la-Chapelle, la ville de l’empereur Charlemagne dotée d’une merveilleuse cathédrale, la présence de l’islam ne se remarque pas seulement à l’appel du muezzin. Pour honorer l’islam, la municipalité a donné à l’une de ses places le nom de « Moscheeplatz » (« Place de la Mosquée »). Ce changement a eu lieu à la demande du maire Marcel Philipp, en accord avec la DITIB turque : « Le maire que je suis est très heureux d’avoir une place de la mosquée », a-t-il déclaré.
Le 11 novembre, Raunheim, à la périphérie de Francfort, a été la première ville de Hesse à autoriser l’appel public à la prière le vendredi, et même tous les jours pendant le ramadan avant le coucher du soleil.
« Dans une société démocratique, le principe d’égalité s’applique également à la religion », a expliqué le maire Thomas Jühe. La démographie joue aussi son rôle : la population de Raunheim est composée à 70 % de migrants. « Ici, nous avons plus de musulmans que de chrétiens », a déclaré Jühe.
Bien entendu, le « Grand Remplacement » et l’islamisation de l’Europe ne sont que des théories du complot. Avons-nous vraiment compris à quoi ressemblera l’Europe de demain ?
Dans une interview accordée au site Boulevard Voltaire, Thilo Sarrazin, ancien président de la banque centrale d’Allemagne et auteur de deux best-sellers qui ont provoqué un immense débat sur le multiculturalisme et l’islam, affirme que la décision de Cologne est parfaitement en phase avec l’avenir démographique de l’Allemagne :
« La population allemande, si la tendance que je décris se poursuit, s’éteindra de toute façon dans les 100 prochaines années… Dans le dernier chapitre de L’Allemagne disparaît, j’ai esquissé la tournure que va prendre la situation lors des cent prochaines années : j’y ai décrit clairement l’adaptation opportuniste des politiques à la situation actuelle.
L’exemple de l’autorisation d’appel à la prière du vendredi à Cologne illustre cela parfaitement. À cet égard, la décision des autorités municipales de Cologne ne me surprend pas du tout. Cela correspond à l’image que je me fais de l’évolution des choses à ce sujet. En France, Michel Houellebecq envoie le même message dans son livre Soumission ».
Les deux principaux journaux de l’establishment allemand ont aussi critiqué la tendance actuelle.
Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a vertement critiqué l’autorisation donnée aux 50 mosquées de Cologne d’appeler publiquement à la prière. Ronya Othmann a écrit :
« Contrairement à l’adhan, l’appel islamique à la prière, les cloches n’émettent qu’un son, pas un message. Les mots ‘Tolérance’, ‘diversité’ et ‘respect’ sont de vieux chewing-gum qui ont perdu leur goût à force d’être trop machés. Erdogan a tapissé les villages alévis et yézidis de mosquées qui ont appelé à la prière cinq fois par jour. Il s’agissait d’un acte de soumission à l’islam et nous ne devrions pas permettre que cela se produise à Cologne ».
Le Süddeutsche Zeitung de Munich s’est également montré sévère :
« L’appel à la prière n’a rien de nouveau en Allemagne. Il a lieu dans des dizaines de villes depuis longtemps. L’Occident chrétien, s’il existe encore, ne tombera donc pas tout de suite. Mais Recep Tayyip Erdoğan a un jour cité un poème : « nos minarets sont des baïonnettes, leurs dômes sont des casques, … et les croyants des soldats ». Il est indéniable que l’islamisme a pris son essor depuis plusieurs décennies.
L’arrivée au pouvoir des Talibans en Afghanistan est saluée par les islamistes comme un triomphe du pouvoir de la foi. Puis la transformation de Sainte-Sophie en mosquée… Cela n’a peut-être pas grand-chose à voir avec les idées et la pensée de la plupart des musulmans en Allemagne. Mais pour un islamiste, l’adhan est la confirmation quotidienne d’un mandat politique ».
Une puissante musique s’échappe d’une tente dressée sur la Willy-Brandt-Platz de Leipzig, d’immenses banderoles vertes ornées des lettres arabes flottent au vent et des jeunes distribuant des tracts aux passants. Bild nous apprend que l’anniversaire de Mahomet est ainsi célébré dans une grande ville allemande.
Si la France est le pays de l’agression islamiste, l’Allemagne est le pays de la capitulation. Le Pew Research Center estime que d’ici 2050, la population musulmane d’Allemagne sera de 17,5 millions, soit 20 % de la population. Aujourd’hui, elle n’est que de 8 %. La « cité des trois mages » sera-t-elle rebaptisée « cité des muezzins » ?
« Préparez-vous pour le muezzin quotidien… » a averti Henryk Broder dans le Die Welt. « C’est déjà une réalité à Stockholm, Londres, Bruxelles, Amsterdam …. »
Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.