Le dernier livre du journaliste et influenceur britannique David Goodhart, les nouveaux clivages politiques intitulé « The road to Somewhere » (qu’on pourrait traduire par « La route vers quelque part »), a été lu avec attention par de nombreux responsables de droite, dont le président des Républicains Laurent Wauquiez.
Un clivage qui oppose « le peuple de quelque part » aux « gens de n’importe où »
[…] Homme de convictions, âgé de 61 ans, David Goodhart a souvent fait part de ses opinions, faisant polémique en 2004 avec un article controversé sur l’immigration intitulé « Too diverse? ». Il y explique que « la solidarité peut être en conflit avec la diversité« , posant la question du communautarisme et de l’acceptation, par la population, de l’arrivée de nouveaux migrants.
Le constat de départ de David Goodhart pourrait plaire à Emmanuel Macron : les clivages politiques traditionnels, tel celui opposant la droite et la gauche, n’a plus de sens face à l’avènement de la mondialisation.
Plus généralement, l’essayiste constate que les clivages, sur lesquels se sont construites les grandes démocraties occidentales, sont en train de disparaître. […]
« Les Anywhere dominent notre culture et société » , explique-t-il d’abord. Il s’agit d’une élite éduquée, cultivée, mondialisée, disposant de réseaux lui permettant d’avoir accès à des emplois bien payés. Pour David Goodhart, ces « gens de n’importe où » ont une « identité portative« , « mobile« .
« Les Anywheres, plus libéraux, sont en accord avec l’immigration, l’intégration à l’européenne et le respect des droits de l’homme pour tous, développe encore l’essayiste. Ils peuvent être plutôt patriotes, mais se revendiquent eux-mêmes comme des citoyens du monde. »
Ils sont aussi davantage « déconnectés » et peuvent parfois être en « perte de repères« . David Goodhart se décrit lui-même comme un « Anywhere », même s’il « aime à penser qu’il peut comprendre les Somewhere« .
Les « Somewhere » justement sont, à l’inverse, « enracinés en un lieu donné« , « socialement plus conservateurs« , voire « communautaristes« .
Moins éduqués, ce « peuple de quelque part » adhère à une idéologie plus protectionniste, estimant que mondialisation et immigration peuvent représenter des risques pour l’équilibre de la société.
Ils ont le sens de la famille et valorisent le fait communautaire. David Goodhart insiste toutefois sur le fait que ces « personnes de quelque part » ne sont pas en majorité « bigots » – mot employé par l’essayiste britannique pour qualifier les croyants pratiquants de religions monothéistes – ou « racistes/xénophobes« .
Parmi ces « Somewhere », se trouve nombre de « laissés-pour-compte« , base électorale des partis populistes. […]