Paris fait preuve d’hypocrisie en souhaitant parrainer les exportations céréalières de l’Ukraine vers l’Afrique, explique à Sputnik le journaliste malien Moussa Naby Diakité.
Emmanuel Macron a surpris beaucoup de monde en déclarant vouloir parrainer l’envoi de céréales ukrainiennes vers les pays vulnérables, dans le cadre de l’accord entre Moscou et Kiev. Le Président français se paie de mots, affirme à Sputnik le journaliste malien Moussa Naby Diakité, qui rappelle que les Européens sont les premiers bénéficiaires de ces accords.
« C’est beaucoup d’hypocrisie, car l’Europe est le premier bénéficiaire de ces aides. On l’a vu, la première aide qui était destinée aux pays africains a été détournée via la Turquie. C’est arrivé en l’Afrique au compte-goutte », explique-t-il.
Début août, le cargo Razoni, chargé de 26.000 tonnes de maïs ukrainien, avait notamment eu toutes les peines du monde à livrer sa cargaison. Il s’était d’abord dirigé vers le Liban, avant de faire un crochet vers la Syrie, pour finalement finir sa course en Égypte.
Les Présidents du Sénégal et de Guinée-Bissau ont même dû monter au créneau pour que les choses s’accélèrent, rappelle encore Moussa Naby Diakité. Début septembre, Vladimir Poutine avait également déploré que les Européens se taillent la part du lion dans les nouvelles exportations céréalières.
L’Afrique prise en otage
Alors que Moscou s’est dit prêt à livrer gratuitement céréales et engrais aux pays pauvres d’Afrique, les sanctions européennes bloquent également les navires dans les ports. Des manœuvres qui font du Continent noir l’ »otage » des Occidentaux, particulièrement de la France, affirme encore Moussa Naby Diakité.
« La Russie aujourd’hui est prête à nous offrir de la sécurité et à accompagner nos politiques de souveraineté. L’Europe n’y a pas intérêt, notamment la France qui est vomie par les peuples, surtout ceux d’Afrique de l’Ouest. Elle prend l’Afrique en otage pour parvenir à ses fins et pour atteindre les objectifs de l’Europe », explique-t-il.
La communication d’Emmanuel Macron peut ainsi se lire sous l’angle de la perte d’influence française en Afrique, ajoute le journaliste. Paris se sent en perte de vitesse, en Afrique comme à l’international, et veut donc « combler » ces lacunes en « se créant un rôle nécessaire ».
La diplomatie française a notamment été malmenée au Mali ces derniers mois, l’ambassadeur s’étant même fait expulser fin janvier. Les manifestations contre la présence française se multiplient également au Burkina Faso depuis quelques semaines.
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Quelque 260 000 tonnes d’engrais russes stockées dans les ports d’Europe doivent être exportées afin d’empêcher «une perte de récolte catastrophique en Afrique», où la saison des semis est en cours, selon l’ONU.
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