Perte d’identité et démantèlement des structures étatiques, crise économique et problèmes de défense, guerre civile et conflits religieux… Voici les conséquences qu’a eues l’invasion américaine de l’Irak qui a suivi, il y a 20 ans, le fameux discours à l’Onu du secrétaire d’État US Powell. Un expert turc en détaille pour Sputnik les implications.
Le jour du 20e anniversaire du discours au Conseil de sécurité de l’Onu de Colin Powell, qui a eu pour suite l’opération américaine en Irak, le politologue turc Oytun Orhan, expert du Centre d’études sur le Moyen-Orient (ORSAM), commente pour Sputnik ses conséquences.
L’invasion de l’Irak a été prétextée par des données de renseignement, qui se sont plus tard révélées fausses, sur la prétendue présence dans le pays d’armes de destruction massive. L’invasion a été absolument illégitime du point de vue du droit international. De nombreux acteurs régionaux et internationaux, y compris même des alliés des États-Unis, s’y sont opposés, rappelle-t-il.
Les dégâts causés par Washington
Ayant payé un énorme prix pour cette opération, l’Irak continue de faire face aux problèmes engendrés par le système politique instauré par les États-Unis. Selon M.Orhan, la structure politique fondée sur une scission ethnique et religieuse, instaurée par Washington en Irak après l’invasion, a porté le plus grand préjudice au pays.
L’identité nationale a été anéantie, substituée par des intérêts locaux et régionaux. Le milieu politique se caractérise par une instabilité structurelle. L’Irak est aujourd’hui un pays suffoquant sous des crises économiques et politiques, énumère l’expert du Centre ORSAM.
Le démantèlement de l’armée lors de l’invasion a engendré de graves problèmes en matière de défense. L’absence d’une armée unique a créé des conditions pour l’intensification des activités des groupes terroristes. L’instabilité s’aggrave encore par l’ouverture du pays à toute influence extérieure, poursuit-il.
Le rétablissement prendra du temps
Sur le plan économique, en dépit d’importantes réserves de pétrole et de gaz, l’Irak traverse une crise majeure. L’absence en outre de principaux services de la part de l’État a engendré des protestations antigouvernementales.
Bref, l’invasion américaine a suscité de nombreux problèmes graves pour l’économie, la sécurité et le fonctionnement des structures d’État. Pour se stabiliser, le pays doit récupérer son identité et sa souveraineté et empêcher les acteurs extérieurs d’y influer. Le rétablissement prendra du temps, car rétablir l’État est un processus douloureux et compliqué, étant donné la guerre civile qui a éclaté en Irak après l’invasion américaine, conclut Oytun Orhan.