Les médias français, régulièrement, se réveillent au sujet de la surpopulation carcérale. Rien ne change, puisque rien de sérieux n’est fait. Mais cela permet de parler d’autre chose. Et ils réussissent cet exercice avec le doigté du professionnel sans jamais traiter les questions qui font mal.
Y a -t-il une augmentation de la criminalité en France, pour justifier une augmentation de la population carcérale ? Pourquoi la société française se dégrade-t-elle ? Ces questions sont logiques, mais il n’est pas bien vu d’en parler.
Surtout quand un détenu sur quatre est de nationalité étrangère, sans même parler du fait que les statistiques ethniques sont interdites en France pour laisser dormir le bon peuple de France — donc l’on ne connaît pas l’origine ethnique des détenus. Surtout lorsque l’on voit la dégradation morale de la population. Ne pas parler d’un problème ne l’empêche pas d’exister, cela le conduit même, à l’inverse, à se développer.
Le ministère de la Justice a sorti ses chiffres mensuels de statistique carcérale et les médias en ont fait leur schoux gras. Il faut bien parler de quelque chose et ce sujet a le mérite d’être consensuel, ce qui est assez rare aujourd’hui. Je cite, ce que l’on retrouve à peu près partout :
«Le nombre de détenus en France a atteint son plus haut historique au mois de novembre 2022, avec 72.809 personnes derrière les barreaux, dépassant le précédent record atteint juste avant le confinement, mi-mars 2020»
En effet, les chiffres du ministère sont intéressants :
Cette année :
L’augmentation des condamnations pour crime est particulièrement significative — et inquiétante.
L’on notera également des données, qui ont provoqué la fureur chez nos bobos bien nourris, ce sont ceux de la proportion d’étrangers dans ces statistiques. Rappelons que cela ne prend pas en compte les personnes ayant une double nationalité, ni l’origine ethnique, qui pourrait pourtant être un élément d’analyse intéressant pour les personnes fraîchement naturalisées.
Ainsi, un détenu sur quatre est un étranger :
«Au 1er juillet, sur 72.020 détenus, l’administration pénitentiaire comptait 53.952 Français et donc 18.068 détenus étrangers. Le tout pour 60.709 places de prison opérationnelles. En tête des nationalités les plus représentées en détention, on retrouve celles d’Afrique du nord, avec 3974 Algériens, 2093 Marocains et 1254 Tunisiens. Si ces deux derniers chiffres sont stables, le nombre d’Algériens est en nette progression par rapport à 2021 : ils étaient alors 2750 dans nos prisons. Si l’on rapporte ces données à l’ensemble de la communauté algérienne en France, soit 569.000 ressortissants sans compter les détenus bénéficiant de la double nationalité, leur délinquance est plus de 5 fois supérieure à celle de la communauté portugaise, quasiment aussi nombreuse et qui compte 497 détenus.»
L’on comprend que nos bobos n’aient pas envie que l’on en parle …
Tout cela soulève de nombreuses questions. A la fois quant à la gestion du service public pénitentiaire, qui est manifestement totalement dépassé faute de moyens. Les mesures alternatives sont certes très mignonnes, ou ne pas incarcérer faute de place les personnes condamnées à des peines courtes, est parfaitement dans l’air du temps bisounours, mais il faut aussi incarcérer les personnes présentant un danger pour la société et mettre en application ce qui est prononcé. Sinon, l’effet pédagogique sera inverse et le sentiment d’impunité l’emportera.
Et ces personnes doivent être incarcérées dans des conditions décentes, puisqu’elles sont privées de liberté et non pas d’humanité. Sans oublier que la dimension punition, doit également avoir un sens, devant éviter les récidives. Bref, il serait bien que la personne incarcérée n’y apprenne pas ce qu’elle avait évité dans la rue. Déjà en 2000, le Sénat remettait un rapport accablant concernant le système carcéral français. Rien, fondamentalement, n’a changé.
Cela pose également des questions, quant à la dégradation de la société en général. Le ministère de l’Intérieur le souligne clairement en pointant l’augmentation de la criminalité, donc de la violence :
«En 2021, le nombre de victimes d’homicides enregistrés est en hausse (+55 victimes par rapport à 2020) et s’élève à 842 victimes, dont 1 en lien avec un attentat terroriste. (…) On constate en 2021 une forte hausse des coups et blessures volontaires (CBV) sur personnes de 15 ans ou plus enregistrés (+12 %, après +1 % en 2020) (…). Les violences sexuelles enregistrées augmentent très fortement en 2021 (+33 %, après +3 % en 2020), tant les viols et tentatives de viols (+32 %) que les autres agressions sexuelles (+33 %). (…) Après une très forte baisse en 2020, les vols sans violence contre des personnes enregistrés augmentent en 2021 : +5 %, après -24 % en 2020.»
Et bien qu’il soit interdit d’en parler, il faut se poser la question du poids de l’immigration, parfaitement volontairement et idéologiquement incontrôlée dans la société française. Je cite :
«En 2020, la justice a prononcé 469 571 condamnations pour crimes et délits et contraventions de 5e classe dont 82 135 concernaient des étrangers (16%). 186 443 sanctionnaient des infractions à la circulation routière (conduite en état alcoolique ou sans permis), 87 108 pour atteintes aux biens (vols, recels…), 86 808 pour atteintes à la personne, 54 099 pour infractions à la législation sur les stupéfiants et 1 546, le séjour irrégulier des étrangers. Au 1er janvier 2020, 82 260 personnes étaient écrouées dont 65 339 Français et 17 521 étrangers (21,2%)»
Evidemment, c’est parce qu’ils sont discriminés et tout est mal compté … mais les chiffres sont là.
L’on peut encore, quelque temps, faire l’autruche, ne pas voir les problèmes, les nier, pour ne pas avoir à les résoudre. Car il faudrait alors se poser des questions, Ô combien inconfortables, sur nos choix de société et nos choix moraux. Il faudrait alors remettre en cause la valeur que l’on apporte à l’être humain, réduit à un tas de cellules obéissant, et nos rapports à l’autre. Mais, de toute manière, nous ne pourrons pas nous payer ce luxe encore longtemps. Sinon, c’est la société française qui va s’effondrer.
Karine Bechet-Golovko