Elections en Suède : le berceau de l’Etat providence secoué par les populistes

Avec le vote de ce dimanche en Suède qui devrait confirmer une nouvelle poussée de l’extrême droite, la Suède n’est plus le miracle à part de la social-démocratie scandinave. L’occasion peut-être d’une introspection selon François Clemenceau, rédacteur en chef international du JDD.

S’il y a bien un endroit au monde où l’extrême droite n’aurait pas dû réussir à se faire une place, c’est bien la Suède.

Parce qu’on est là dans le temple de la social-démocratie, d’un système économique et social qui a fait ses preuves. Fiscalité élevée, certes, mais services publics exemplaires ; égalité hommes-femmes ; intégrité du personnel politique ; redistribution sociale ; aide au développement du tiers monde ; neutralité militaire… […]

Ce qui est alors assez surprenant, c’est que l’extrême droite suédoise ne veut pas fondamentalement remettre en cause l’Etat providence. Au contraire, elle estime que les sociaux-démocrates ont trahi l’esprit de cette solidarité nationale.

D’abord, car c’est un thème classique des nationalistes xénophobes, en accueillant bien trop d’étrangers (20% des 10 millions d’habitants sont nés à l’étranger et la très grande majorité d’entre eux ont bénéficié du droit d’asile).

Ensuite en cédant au libéralisme et à la mondialisation. Ensuite, l’extrême droite suédoise reproche à la gauche d’avoir laissé le pays se désindustrialiser : Ikea est resté suédois mais Volvo a été racheté par les Chinois et Saab a été enterrée.

Enfin, les populistes ne supportent plus les valeurs de la gauche bien-pensante : le politiquement correct, le communautarisme, l’égalitarisme. L’extrême droite ne dit plus seulement « on n’est plus chez nous », elle parle de perte d’identité.

Le résultat? 5% des voix en 2010, 10% en 2014 et peut-être 20% demain. Ce n’est pas encore la conquête du pouvoir ou l’installation au sommet avec mandat de gouvernance.

Mais, à huit mois des élections européennes du printemps prochain qui verront s’affronter europhobes et europhiles, notamment sur la question des valeurs et de l’identité, c’est déjà un peu l’automne à Stockholm.

Le JDD

Partager cet article