Sergueï Lavrov : La formation d’un ordre mondial multipolaire est devenue une tendance majeure pour les années à venir. Cela est reconnu par tout le monde.
Les transformations en cours dans le monde sont un processus naturel et irréversible associé à un changement objectif de l’équilibre dans le monde et au renforcement de nouveaux centres de croissance économique et d’influence non occidentaux.
Cette tendance contribue à la démocratisation des relations internationales, dans lesquelles il ne devrait pas y avoir d’hégémonie et les principes de la Charte des Nations unies devraient être respectés – non pas de manière sélective, mais dans leur intégralité et compte tenu de leur interrelation. C’est un point essentiel.
Le principe clé de la Charte est l’égalité souveraine des États. C’est la base juridique de la multipolarité. L’adhésion à ce principe détermine notre approche quant au développement des relations avec les pays d’Eurasie – le continent le plus vaste, le plus riche en ressources et le plus dynamique.
Guidé par cette logique, le Président russe Vladimir Poutine a avancé en 2015 l’idée de former le Grand partenariat eurasien en tant que contour d’intégration le plus large possible dans l’intérêt de l’expansion et de la libéralisation des liens commerciaux et d’investissement, de la mise en œuvre de projets d’infrastructure transfrontaliers, du développement du réseau de transport et de logistique, et de l’harmonisation des processus d’intégration.
Le Grand partenariat eurasien jettera des bases économiques et matérielles solides pour construire une architecture de sécurité eurasiatique égale et indivisible, contre les menaces et les défis communs à tous les pays du continent.
Autres points forts:
🔹La guerre que l’Otan a déclenchée contre la Russie par les mains du gouvernement illégitime de Kiev, ne lui suffit plus, tout comme l’espace de l’OSCE. Désormais, les États-Unis et leurs satellites tentent de faire de l’ensemble de l’Eurasie une arène de confrontation géopolitique.
🔹L’Alliance a stipulé dans ses documents que les menaces qui pèsent sur elle proviennent également de la région Asie-Pacifique, notamment de la mer de Chine méridionale et du détroit de Taïwan, et elle entend affirmer sa domination militaire non seulement en Europe, mais aussi dans l’Est de l’Eurasie.
🔹La situation dans la partie moyen-orientale de l’Eurasie évolue de manière encore plus dramatique. Le retrait unilatéral des États-Unis des accords sur le programme nucléaire iranien approuvés par le Conseil de sécurité de l’ONU et la persistance de Washington à monopoliser le processus de règlement israélo-arabe ont eu des conséquences désastreuses, mettant cette région stratégiquement importante au bord d’une déstabilisation complète et d’une guerre majeure.
🔹L’Occident n’a pas cessé son activité destructrice dans d’autres parties du continent eurasien. Dans le Caucase du Sud, il impose constamment ses services pour la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Après avoir fui l’Afghanistan après vingt ans d’occupation, les Etats-Unis et leurs alliés veulent maintenant «s’immiscer» dans le fragile processus de stabilisation de la situation dans ce pays et inventent des prétextes pour reprendre leur présence militaire dans les pays d’Asie centrale.
⚠️ Les actions agressives des États-Unis, de l’Otan et de l’Union européenne ont accru les risques de fragmentation de notre continent.
🔹L’architecture de sécurité eurasienne dont nous discutons est conçue pour devenir une alternative constructive à ces tendances négatives, pour stabiliser la situation militaire et politique dans l’espace continental, pour assurer son unité et son interconnexion, et pour éliminer les menaces provenant de la direction occidentale, euro-atlantique.