Quelque 8,7 millions de Français devront attendre la rentrée pour savoir comment le gouvernement compte les faire passer au-dessus du seuil de pauvreté. L’annonce du plan a été reportée pour cause de calendrier, de Coupe du monde et d’arbitrage. Une annonce qui a choqué.
«Dans le pays des droits de l’Homme, nous remettons au cœur de notre combat les droits de l’homme pauvre», déclarait dans un élan paternaliste le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux en mai dernier.
Eh bien, l’homo necessitus devra finalement attendre la rentrée.
Comme l’a révélé France Inter mercredi 4 juillet, l’Élysée préfère repousser la présentation de son plan de lutte contre la pauvreté, le discours d’Emmanuel Macron à ce sujet, qui devait avoir lieu le 10 juillet, tombant le jour de la demi-finale de la Coupe du monde.
En septembre, «les Français seraient plus réceptifs», confie une source à l’Élysée, toujours sur la radio publique, qui ajoute: «L’annonce se fera mieux qu’entre deux matchs de l’équipe de France».
«Nous verrons si l’équipe de France est en demi-finale ou pas», signalait Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, invitée sur LCI.
Bref, si les Bleus échouent, peut-être entendrons-nous parler des pauvres? Un sens des priorités qui a fait fulminer les associations et certains députés.
Que représente la pauvreté en France? Après deux années de légère hausse, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec 1.015 euros par mois, a légèrement reculé en 2016, selon une première estimation de l’INSEE. En 2015, ils étaient 8,9 millions (14,2% de la population), contre 8,7 millions aujourd’hui (13,9%).
Emmaüs France rappelle de son côté au Président de la République que la misère n’attend pas:
Report du plan pauvreté : Emmaüs rappelle à @EmmanuelMacron et @EPhilippePM que la pauvreté ne fait pas relâche pendant la #CoupeDuMonde2018. via @lemondefr https://t.co/M5VZFEf2K8
— Emmaüs France ☝ (@emmaus_france) 5 juillet 2018
Les enfants sont particulièrement touchés: un enfant sur cinq vit dans une famille pauvre, a rappelé la ministre Agnès Buzyn. Le projet actuel souhaite «casser les logiques de reproduction sociale», «éviter que les jeunes pauvres d’aujourd’hui ne deviennent les pauvres de demain».
Côté Élysée, on se défend. «Le plan n’est pas totalement ficelé. Le Président mature encore sur ce sujet», a déclaré l’une de ces sources en précisant que l’Élysée n’avait à ce jour pas fixé de date pour sa présentation.
Reste à savoir si le Président abordera le sujet lundi pendant le Congrès.