Ils ont dit stop ! Ils ont dit non à l’antisémitisme ! Non au retour des années 30 ! Ils ont piétiné sur la place de la République qui leur rappelle tant de bons souvenirs.
Les socialistes et toutes les associations antiracistes ont battu le pavé comme à leurs plus belles heures. Ils ont évoqué leurs souvenirs en commun. Ils ont frotté leurs belles âmes les unes contre les autres. L’antisémitisme, c’est leur truc ! Comme l’antiracisme.
Comme toutes les causes humanistes qu’ils manient avec l’expérience des vieux loups de mer. Ils ne se rendent même pas compte que leur indignation est devenue un sujet de détestation, voire de franche rigolade. Nietzsche disait jadis : « Il n’y a pas plus menteur qu’un homme indigné. »
Et beaucoup de Français l’ont désormais compris. La gauche antiraciste continue de chercher les chemises brunes et ne voit pas les foulards verts. Ce daltonisme politique serait risible s’il n’était tragique.
Les antisémites d’aujourd’hui ne trouvent pas leur inspiration dans Maurras mais dans le Coran. Ceux qui, depuis des années, ont tué des Juifs dans les rues de Paris ou de Toulouse n’ont pas crié « Heil Hitler ! », mais « Allah Akbar ! ».
L’antisémitisme français traditionnel peut encore survivre à l’état individuel ; il n’est plus un phénomène politique depuis 1945. C’est la Seine-Saint-Denis islamisée que les Juifs quittent en masse, pas le XVIe arrondissement de Paris. L’antijudaïsme catholique a été démantelé par Vatican II. En revanche, des dizaines d’églises sont, depuis des mois, profanées, saccagées, voire brûlées. On aimerait que la police découvre les coupables…
Il y a aujourd’hui une alliance politique entre l’extrême gauche, qui cherche dans les banlieues des troupes pour lutter contre l’Etat et le capitalisme, et les Frères musulmans, qui cherchent une alliance avec des Français pour islamiser la France. Dans leur stratégie, les Juifs sont des ennemis parce qu’ils sont capitalistes et sionistes ; et les catholiques aussi, parce que ce sont des conservateurs et des croisés.
La gauche, à part quelques individualités iconoclastes, n’ose pas regarder cette réalité en face. Elle forme depuis des années le camp du déni, continue de prétendre que l’immigration est « une chance pour la France », que l’islam est « une religion de paix et d’amour » sans vouloir comprendre que le terreau de l’antisémitisme se trouve là. Et la droite s’est depuis longtemps soumise idéologiquement à la gauche.
Quant aux « gilets jaunes », ils ont payé très cher leur désorganisation. Ils ont été noyautés, puis submergés par des forces militantes mieux organisées et plus déterminées.
Le gouvernement est trop content de leur mettre sur le dos les violences des black block et, désormais, l’antisémitisme vociférant des salafistes et des islamo-gauchistes.
De son côté, la France insoumise tangue, à l’instar de son chef Jean-Luc Mélenchon, entre vieux réflexes de patriotisme républicain et nouvelles tentations islamo-gauchistes.
Le paysage politique est complètement nouveau et terrifiant : c’est pour cette raison que la gauche préfère évoquer entre soi le bon vieux temps.
Paru dans Le Figaro Magazine, 22 février 2019