Dès le 2 janvier, cinq jours après la mort de Mia, une manifestation a lieu à Kandel. Elle réunit 400 personnes. D’autres rassemblements sont organisés. Ils attirent chaque fois plus de monde : le 28 janvier, environ 1 000 personnes sont présentes ; le 3 mars, elles sont plus de 4 000.
(…) Par souci de ne pas donner le sentiment d’emboîter le pas à une extrême droite radicale à l’origine de la mobilisation, le parti Alternative pour Allemagne (AfD) jouera, dès le début, un rôle ambivalent dans l’affaire. Officiellement, il se tient à l’écart. Mais, si ses dirigeants n’ont pas appelé à manifester sous la bannière du parti, ils n’en soutiennent pas moins le mouvement. « Les gens ont peur. Avant, ce genre d’agression avait lieu dans des grandes agglomérations. Maintenant, on découvre qu’on peut se faire tuer au couteau dans des petites villes sans histoire. Kandel est un symbole », explique Matthias Joa, député AfD au Parlement de Rhénanie-Palatinat.
A 36 ans, cet ancien militant de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel, accuse la chancelière d’avoir « ouvert le pays à une immigration incontrôlée » ayant pour conséquence de « rendre les Allemands minoritaires dans leur propre pays ». Dès lors, estime-t-il, « il est normal qu’une résistance citoyenne s’organise » car « les gens commencent à comprendre que ce n’est plus l’Etat qui leur apportera la protection qui leur est due ».
(…) Pour ces « mamans allemandes », comme elles se définissent, c’est une évidence : « Comme femmes, nous sommes en danger. Regardez comment l’islam nous considère. Si on n’agit pas aujourd’hui, ce qui s’est passé à Kandel va se passer partout ailleurs », assurent-elles. Lectrices de Soumission, le roman de Michel Houellebecq (Flammarion, 2015) qu’elles qualifient de « livre prophétique sur l’islamisation », elles estiment que « désormais, ce n’est pas seulement notre mode de vie, mais notre vie tout court qui est menacée ». Pour elles, les agressions sexuelles de la Saint-Sylvestre 2015 à Cologne ont été un tournant. « Le pire, dans cette affaire, c’est le silence des médias et des politiques qui ont mis des jours à réagir et à regarder la vérité, à savoir que les agresseurs étaient pour la plupart des musulmans. Il s’est passé la même chose à Kandel. »